Prix Renaudot 2015
* Présentation de l'éditeur :
"Ce livre est le récit de ma rencontre avec L. L. est le cauchemar de
tout écrivain. Ou plutôt le genre de personne qu'un écrivain ne devrait
jamais croiser."
Dans ce roman aux allures de thriller psychologique, Delphine de Vigan s'aventure en équilibriste sur la ligne de crête qui sépare le réel de la fiction. Ce livre est aussi une plongée au cœur d'une époque fascinée par le Vrai.
Dans ce roman aux allures de thriller psychologique, Delphine de Vigan s'aventure en équilibriste sur la ligne de crête qui sépare le réel de la fiction. Ce livre est aussi une plongée au cœur d'une époque fascinée par le Vrai.
* Mon avis :
Je m'étais promis de ne pas acheter de livres avant de longs mois, pas avant d'avoir terminé la pile de bouquins prêtés... Mais je suis faible et, telle une gourmande qui craque en passant devant une pâtisserie (ce que je suis aussi !), j'ai du mal à résister lorsque je suis dans une librairie ou chez des amis. Mon étagère "à lire" est donc loin d'être couverte de bibelots, quand, telle une Danaïde moderne, je la remplis inlassablement non pas d'eau, mais de romans.
Je ne suis vraiment pas coutumière des rentrées littéraires. La seule fois où j'avais acheté un livre "de septembre", c'était pour découvrir Amélie Nothomb (bien avant de commencer ce blog) avec un livre vite oublié. Fin août, je me retrouve totalement par hasard face à une pile du dernier Delphine de Vigan. Je n'ai pas hésité une seule seconde et je suis allé à la caisse aussitôt. C'est bien la première fois que j'achetais un livre aussi vite ! Il faut dire que j'avais adoré Rien ne s'oppose à la nuit. C'est un livre qui m'avait profondément émue. J'étais curieuse de voir ce que l'écrivaine nous proposait enfin après ces longues années d'attente, non sans une certaine crainte (sera-t-il aussi bon que le précédent ?!). On peut dire que j'ai eu le nez fin car, quelques semaines après mon achat, D'après une histoire vraie décrochait le prix Renaudot. Il était donc temps de m'y atteler !
C'est une histoire courte, très fluide, qui se lit donc vite. Le style n'est pas négligé pour autant. Le talent de Delphine de Vigan se confirme incontestablement et son phrasé est remarquable. Surtout, cette histoire troublante, déstabilisante, savamment amenée et distillée interroge à plus d'un titre. Évidemment, il y a la question sous-jacente que l'on ne peut s'empêcher d'avoir à l'esprit : histoire vraie ou pas ?! Tout est fait pour que l'on ne cesse d'y penser : la première personne du singulier, la similitude avec la vraie Delphine, son passé de romancière, sa famille, son compagnon... Comme beaucoup ce niveau de lecture m'a titillée. Mais ce qui m'a le plus tenue en haleine c'est bien sûr ce récit terrible de manipulation. Le personnage de L. est à la fois fascinant et détestable. En découvrant l'histoire a posteriori, on ne peut s'empêcher de se demander : "Mais jusqu'où ira-t-elle ? Quand et pourquoi Delphine va-t-elle se rendre compte ?". Si j'ai moins aimé que Rien ne s'oppose à la nuit, j'ai tout de même beaucoup apprécié cette lecture et je la conseille vivement !
* Extraits :
Exceptionnellement, voici deux extraits du livre. Ils ne traitent pas de la manipulation. Ce sont des passages où je me suis retrouvée, tout simplement ! J'aurai pu écrire ces lignes :
- Au sujet de ses amies :
"Je les admire, toutes, pour des raisons différentes, j'ai besoin de savoir ce qu'elles deviennent, ce qu'elles traversent, ce qui les émeut, même si nous avons des vies très occupées. J'aime aussi que mes amies se rencontrent, certaines ont développé entre elles des amitiés qui aujourd'hui n'ont plus rien à voir avec moi."
- Une phrase qui paraît anodine mais qui me parle énormément car je suis fascinée depuis des années par les aéroports, surtout par les gens qui y sont. Je passe mon temps à m'imaginer leur parcours. Et les livres jouent pour moi un marqueur de la mémoire. Quand je vois la couverture d'un livre lu en tour du monde, je me revois le lire, je me souviens précisément des moments vécus au bout du monde :
"Je me souviens que nous avons parlé de la ville dans laquelle elle vivait, de la beauté des aéroports, de la manière dont les livres continuaient de vivre dans notre mémoire, malgré l'oubli."