* L'histoire :
6 avril 1652. Une poignée de jardiniers hollandais débarquent à
l'extrême pointe sud de l'Afrique. Leur mission : faire pousser des
salades pour les équipages de la puissante Compagnie des Indes
Orientales d'Amsterdam décimés par le scorbut. Pas l'ombre d'une
ambition de conquête coloniale dans cette aventure potagère. Mais ces
hommes, et les immigrants qui les rejoignent, défient bientôt les
jungles infestées de bêtes sauvages et de mouches tsé-tsé pour
s'enfoncer au cœur du continent. Ils vont y écrire le premier chapitre
de l'histoire d'un pays qui n'existe pas encore : l'Afrique du Sud.
Persuadés par leur foi calviniste que Dieu les a élus pour régner sur le
monde, ces premiers colons vont affronter les tribus noires, les
chercheurs d'or et de diamants, les régiments à tunique rouge de la
reine Victoria. Une saga féroce, tumultueuse, héroïque, qui débouchera
trois siècles plus tard sur l'une des plus grandes tragédies de
l'Histoire : l'instauration par un petit peuple de quatre millions de
Blancs d'un régime raciste qui fera des centaines de milliers de
victimes noires. Ce sera l'apartheid, une hideuse dictature à laquelle
mettra fin, après vingt-sept ans d'emprisonnement, un géant de notre
temps, Nelson Mandela. Avec la passion, la minutie, le talent qui ont
fait le succès de ses grandes fresques historiques, Dominique Lapierre a
mené trois ans d'enquête pour reconstituer l'épopée de ces femmes et de
ces hommes anonymes ou célèbres, blancs ou noirs, européens ou
africains, qui dans le sang et les larmes ont donné le jour à cette
Afrique du Sud aujourd'hui devenue la " Nation arc-en-ciel ".
* Mon avis :
Cela fait plus d'un an que ce livre attendait patiemment dans ma bibliothèque. Il m'a été prêté par un ami qui m'a aussi confié La cité de la joie du même auteur. J'ai attendu un certain temps à l'ouvrir car j'ai du mal à sortir des romans. Il s'agit un effet d'un récit de vulgarisation historique qui retrace l'histoire si mouvementée de l'Afrique du Sud. Et je dois dire que j'ai été conquise !
Dès le début, le style fluide et efficace de Dominique Lapierre m'a embarquée tout au bout de cette petite péninsule du Cap, à une époque que j'adore, celle des grands voyages au XVIIIe siècle. J'ai été passionnée par l'histoire de ces colons, leurs motivations, leur culture. C'est en effet dans cette époque que plongent les racines de la domination de ceux qui se feront appeler les afrikaaners sur le reste du territoire. Puis c'est la conquête d'un territoire plus vaste, l'arrivée des Anglais et la guerre des Boers... Tous ces épisodes qui constituent une histoire dense et troublée, fondement de l'identité des Blancs Sud-Africains.
Vient ensuite une période plus complexe, moins prenante pour le lecteur, mais néanmoins enrichissante : la première moitié du XXe siècle et les origines politiques de l'apartheid. J'ai été troublée de saisir que ce terrible régime politique a été fortement influencé par l'Allemagne nazie. Les dirigeants Sud-Africains ont en effet fait leurs études à Berlin dans les années 30 et sont revenus dans leur contrée pétris d'une idéologie raciste qui venait conforter une certaine identité qui se construisait depuis l'arrivée des premiers colons.
La plongée dans ce régime terrible, le détail des exactions subies au quotidien, sans oublier bien sûr le combat de Nelson Mandela mais aussi de ces Blancs qui ont œuvré pour changer les choses occupe en toute logique une grande part du récit.
Cet ouvrage est donc une excellente porte d'entrée pour découvrir l'histoire de l'Afrique du Sud. Je l'ai trouvé très enrichissant et facile à lire.