* L'histoire :
Dans ce roman Elif Şafak donne vie au Bonbon Palace et à ses habitants.
Cet immeuble à l’élégance désuète fut bâti en 1966 à Istanbul, sur le
site d’un ancien cimetière musulman et arménien, par un riche Russe pour
sa femme qui ne s’émouvait plus qu’à la vue de friandises… Aujourd’hui
décati, infesté par la vermine et les ordures, Bonbon Palace abrite dix
appartements. S’y côtoient des voisins farfelus et très différents,
composant une mosaïque de la société turque actuelle, reflétant ses
aspirations, ses tensions et ses contradictions : le
gérant de l’immeuble, le très religieux Hadji Hadji, conteur cruel à ses
heures ; les jumeaux coiffeurs ; Hygiène
Tijen qui n’a pas volé son surnom ; Nadia, desperate housewife accro à un
soap opera ; la cafardeuse «maîtresse bleue»…
* Mon avis :
Il y a beaucoup de choses à dire sur ce roman à la si jolie couverture... Le plus simple serait naturellement de commencer par l'histoire. S'il y a autant de personnages que d'appartements dans cet immeuble miteux, il n'y a bien qu'un seul et unique héros : le bâtiment en lui-même. Si luxueux et original à l'époque de sa construction, il est aujourd'hui en décrépitude totale, croulant sous les ordures et les cafards. Alors que La Bâtarde d'Istanbul embaumait délicatement des parfums de la Turquie, Bonbon Palace nous livre ici l'aspect le moins ragoûtant de cette ville tentaculaire et densément peuplée qu'est Istanbul : les ordures qui s'amoncellent ! Omniprésentes dans la trame narrative, elles sont le sujet principal de conversation des habitants et, tel un fil qui se déroule, nous conduisent peu à peu dans chacun des appartements à la découverte de ses occupants. Pittoresque, riche en couleurs (et en odeurs), la galerie des personnage est truculente. L'écriture est délicate est subtile, riche en figures de style et en circonvolutions amenées à point nommé. Mais là où le bât blesse, c'est qu'Elif Şafak a accentué son histoire sur les égarements psychologiques des uns et des autres, là où le lecteur attendait plus de rebondissements sur le quotidien. Il y a comme un goût de "trop peu" à ce sujet et malheureusement un léger ennui à certains moments. Le premier quart du roman est parfait, puis j'ai ressenti un gros essoufflement qui a considérablement ralenti ma lecture. La dernière partie gagne de nouveau en dynamisme pour finalement aboutir sur un dernier chapitre qui n'avait pas lieu d'être à mes yeux.
Sur le fond, ce roman est extra. Sur la forme... je suis moins emballée. Une lecture sans regret cependant mais avec une petite déception car j'attendais beaucoup de lui tant j'avais été conquise par La bâtarde d'Istanbul.
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