Classement par auteur

samedi 16 juillet 2011

Agatha Christie - Poirot résout trois énigmes -

* L'histoire :
Trois nouvelles de la reine du crime sont ici réunies :

- "Feux d'artifice" : Une jeune femme s'est suicidée le soir de la fête de Guy Fawkes. L'inspecteur Japp propose à son vieil ami Hercule Poirot de se rendre sur les lieux. Le vieux détective belge s'aperçoit très vite qu'il s'agit en réalité d'un meurtre maquillé en suicide et qu'un vieux militaire faisait chanter la jeune femme...

- "L'invraisemblable vol" : En cette veille de Seconde Guerre mondiale, le ministre de l'Armement reçoit le général de corps d'armée aérienne et sa famille. On trouve également parmi les invités une jeune femme connue pour ses nombreuses conquêtes politiques et militaires aux quatre coins de l'Europe. Après le dîner, alors que les femmes sont couchées, les deux hommes vont étudier les plans d'un bombardier. Mais ceux-ci ont disparu...

- "Le miroir du mort" : Un vieux noble anglais somme Hercule Poirot de le rejoindre dans sa famille pour résoudre "un problème". Or, lorsque le détective belge se rend dans la demeure du riche vieillard excentrique, celui-ci est découvert mort dans son bureau, un pistolet à la main. Là encore, il s'agit d'un meurtre déguisé en suicide. Qui, parmi sa famille et ses invités avait une bonne raison pour s'en prendre à "l'Ancêtre" ?

* Mon avis :Lues en quelques heures, ces nouvelles m'ont plu par leur intrigue bien ficelée qui pousse à réfléchir et surtout, une fois encore, par l'ambiance caractéristique des livres d'Agatha Christie. Ici, il s'agit de la société de la fin des années 30 qui est dépeinte.

jeudi 14 juillet 2011

Louis Pergaud - La Guerre des boutons- 1912

* Comment j'ai découvert ce livre...

Il a été envoyé aux professeurs de lettres du collège avec le Horla et un troisième roman dont je vous parlerai ultérieurement.

* Pourquoi j'ai eu envie de le lire :

Ma mère m'avait encouragé à le lire quand j'avais une dizaine d'années mais j'avais décroché au bout de quelques pages (je vous expliquerai pourquoi dans mon avis !). Comme je n'aime pas rester sur un goût d'inachevé, même quinze après, et, dans la perspective d'acquérir une connaissance des classiques de la littérature française, j'ai profité de quelques jours dans le jardin de mes parents pour lire la célèbre "Guerre des boutons" !

* L'histoire : 
Depuis des générations, les enfants du village de Longeverne et ceux de Velrans s'affrontent après la classe lors de batailles mémorables dans les bois. En ce début de XXème siècle, la vie est rude pour les enfants de paysans de Franche-Comté. Les loisirs sont rares - seule la foire permet de sortir du village de temps à autre - ; les repas frugaux - un bouillon, du pain sec - et les parents n'hésitent pas à frapper leurs rejetons à la moindre incartade et surtout quand ils reviennent de l'école avec leurs vêtements abimés. Les articles de mercerie coûtent en effet bien cher à cette époque. Or, nos jeunes gaillards intrépides de Longeverne, menés par le vif Lebrac, se font souvent détrousser par leurs ennemis, ces "paigne ku" de Velrans ! Leur vient alors une idée de génie : récupérer les boutons des ennemis capturés pour s'en faire un trésor de guerre...

* Mon avis : 
La Guerre des boutons est un roman de jeunesse, plein de fougue et de dynamisme. On lit d'un œil amusé les pérégrinations de cette bande de gamins attachants. De l'école de la IIIème République à la messe, en passant par les jeux, les tâches agricoles et surtout les batailles, on plonge avec délice dans l'univers enfantin de la campagne du début du siècle dernier. En filigrane apparaît le contexte de l'époque : la récente séparation de l’Église et de l’État (les Longeverne sont républicains tandis que les Velrans sont très attachés à la religion), la conscription, évoquée à travers les grands du village, ou encore les hommes politiques de l'époque, Gambetta notamment, qui sont souvent évoqués à titre de comparaison avec les enfants. Les filles sont très peu présentes dans le roman : à l'époque, chacun des deux sexes évoluait dans deux sphères bien distinctes et quand la "Marie Tintin" fabrique un sac en tissu pour le trésor ou vient recoudre les boutons des jeunes guerriers, elle fait bien attention à ne pas être vue dans le village pour ne pas passer pour une "gourmande", c'est à dire une fille attirée par les garçons.
Louis Pergaud fait preuve d'un très grand talent littéraire en maniant avec subtilité l'argot, le patois de Franche-Comté et un langage parfois plus soutenu. Les dialogues des gamins sont vibrant de réalisme, jugez plutôt :

Les Longevernes se sont fait traiter de "couilles molles" par les Velrans...- D'abord, qu'est-ce que c'est t'y que ça, des couilles molles ? fit Tintin.
La Crique réfléchissait.
- Couille molle !... Des couilles, on sait bien ce que c'est, pardine, puisque tout le monde en a, même le Miraut de Lisée, et qu'elles ressemblent à des marrons sans bogue, mais couille molle !... couille molle !...
- Surement que ça veut dire qu'on est des pas-grand-chose, coupa Tigibus, puisqu'hier soir, en rigolant avec Narcisse, not' meunier, je l'ai appelé couille molle comme ça, pour voir, et mon père, que j'avais pas vu et qui passait justement, sans rien me dire, m'a foutu aussitôt une bonne paire de claques. Alors...
L'argument était péremptoire et chacun le sentit.
- Alors, bon Dieu ! il n'y a pas à rebeuiller plus longtemps, il n'y a qu'à se venger, na ! conclut Lebrac.
- C'est t'y vot'idée, vous autres ?"

A la lecture de ces quelques lignes, on comprend pourquoi, à 10 ans, j'avais abandonné le livre rapidement. Il faut quelques pages d'adaptation pour se faire au langage des enfants (et encore, là, l'extrait est soft niveau argot car certains passages sont incompréhensibles sans les notes de bas de page !). D'ailleurs, je m'interroge sur l'étude de ce livre par des collégiens. Certes, c'est un grand classique de la littérature jeunesse, mais je ne suis pas sûre que les ados actuels comprennent bien le texte de part le langage mais aussi de part les faits évoqués. Beaucoup de mes élèves auraient du mal à comprendre qu'on pouvait se faire frapper et être privé de nourriture pour s'être fait voler ses lacets et seraient très moqueurs vis à vis des héros du roman... Je pense que peu de collègues le font étudier aujourd'hui et c'est dommage car c'est un précieux témoignage d'une époque révolue ! D'ailleurs, l'avantage de mon édition, tout comme celle du Horla, c'est qu'elle propose un questionnaire à la fin de chaque partie du livre, un petit résumé et un appendice en fin d'ouvrage sur la chronologie, le style littéraire, la biographie de l'auteur... et c'est très enrichissant !

Dernier point : le livre de Louis Pergaud étant tombé récemment dans le domaine public, il a attiré les convoitises des cinéastes. Ainsi, deux adaptations vont sortir en septembre a une semaine d'intervalle !! L'une, réalisée par Christophe Barratier ("Les Choristes"), avec Guillaume Canet, Kad Merad, Laëtitia Casta ou encore Gérard Jugnot, et l'autre, de Yann Samuell ("Jeux d'enfants") avec Alain Chabat, Fred Testot et Mathilde Seigner. Je m'étais dit que j'irai voir l'adaptation la plus fidèle au roman et je sens que je ne verrai aucun des deux : l'un a été transposé dans les années 60, les filles intègrent les bagarres, la trame de fond a été modifiée (l'enjeu étant le certificat d'étude et non plus la rivalité entre les deux villages) et surtout l'histoire des boutons n'a plus raison d'être puisque dans les années 60, la condition paysanne s'était nettement améliorée... L'autre film est encore plus grotesque : il se passe pendant la guerre, sur fond de résistance. Quel rapport avec l'histoire originelle ?! Ajoutez à cela le fait qu'aucun des films ne se déroule en Franche-Comté mais dans le Sud de la France... Bref, c'est ridicule...

lundi 11 juillet 2011

Stefan Zweig - Marie-Antoinette - 1932

* Comment j'ai découvert ce livre...

Il y a longtemps que je voulais relire Zweig. Jusque là, je n'avais qu'entraperçu son immense talent par ses nouvelles. J'ai donc décidé de m'attaquer à une autre de ses facettes : la biographie.

* Pourquoi j'ai eu envie de le lire : 
Vous connaissez la fille qui, en six années d'études d'histoire puis trois années d'enseignement de la-dite matière, n'avait jamais ouvert une biographie ? Et qui en plus a le toupet d'écrire un blog littéraire ? Oui, oui, oui, je n'avais jamais lu de biographies... La honte, non ?! J'ai toujours pensé que les biographies n'étaient qu'un amoncellement de tranches de vies pleines d'ennui. Encore une idée préconçue qui va s'avérer fausse (souvenez-vous de mon point de vue sur les romans historiques...) puisque j'ai dévoré le Marie-Antoinette de Zweig et que j'ai déjà hâte de lire une nouvelle biographie.

* L'histoire : 
... ou devrais-je dire l'Histoire, car celle qui est relatée ici n'est pas sortie de l'imaginaire d'un quelconque romancier !
La jeune Marie-Antoinette, fille de l'impératrice d'Autriche Marie-Thérèse, n'a que quinze ans lorsqu'elle rencontre pour la première fois son époux, le futur Louis XVI...
La suite, vous la connaissez : Versailles, l'étiquette, les fêtes, le Petit Trianon, les problèmes rencontrés dans le lit conjugal, puis la maternité et enfin le spectre de la Révolution. Je maîtrisais mal cette dernière période en ce qui concerne la famille royale, hormis bien évidemment la fuite à Varennes ou l'emprisonnement au Temple et Zweig y a consacré près d'un quart de son ouvrage, ce qui fut salvateur pour mon savoir ! Au sujet des sources, Zweig a d'emblée réfuté toutes celles qui n'étaient pas sures pour se consacrer avant tout la correspondance entre la Dauphine et sa mère ou encore, plus tard, avec le fameux comte suédois Fersen.


* Mon avis : 
Un petit bijou d'histoire et de littérature, un livre incontournable, à avoir impérativement sur les rayonnages de sa bibliothèque. Zweig nous dépeint le portrait d'une "femme ordinaire conduite à un destin extraordinaire". Toute la force du récit réside dans les descriptions psychologiques de Marie-Antoinette et de son entourage. Celles-ci rendent l'histoire "palpable". Là, où dans les manuels d'histoire on évoque des faits, Zweig retranscrit l'humanité des personnages, leurs qualités, leurs défauts, leurs habitudes ou encore leurs rapports sociaux. Tout cela rend l'histoire de cette reine terriblement (et paradoxalement !) proche de nous. On est tour à tour agacé et ému par le caractère de la reine. Surtout, Zweig relate la dernière partie de sa vie avec un suspens haletant. On se surprend à espérer voir la fuite à Varennes réussir, ou encore les différentes tentatives d'évasion du Temple porter leurs fruits !

Enthousiasmée par cette première biographie, je m'en remet donc à vous pour m'en conseiller d'autres, qu'elles soient écrites par Zweig ou non !