Classement par auteur

mercredi 25 novembre 2015

Delphine de Vigan - D'après une histoire vraie - 2015

Prix Renaudot 2015

* Présentation de l'éditeur :
"Ce livre est le récit de ma rencontre avec L. L. est le cauchemar de tout écrivain. Ou plutôt le genre de personne qu'un écrivain ne devrait jamais croiser."
Dans ce roman aux allures de thriller psychologique, Delphine de Vigan s'aventure en équilibriste sur la ligne de crête qui sépare le réel de la fiction. Ce livre est aussi une plongée au cœur d'une époque fascinée par le Vrai.

* Mon avis :
Je m'étais promis de ne pas acheter de livres avant de longs mois, pas avant d'avoir terminé la pile de bouquins prêtés... Mais je suis faible et, telle une gourmande qui craque en passant devant une pâtisserie (ce que je suis aussi !), j'ai du mal à résister lorsque je suis dans une librairie ou chez des amis. Mon étagère "à lire" est donc loin d'être couverte de bibelots, quand, telle une Danaïde moderne, je la remplis inlassablement non pas d'eau, mais de romans.

Je ne suis vraiment pas coutumière des rentrées littéraires. La seule fois où j'avais acheté un livre "de septembre", c'était pour découvrir Amélie Nothomb (bien avant de commencer ce blog) avec un livre vite oublié. Fin août, je me retrouve totalement par hasard face à une pile du dernier Delphine de Vigan. Je n'ai pas hésité une seule seconde et je suis allé à la caisse aussitôt. C'est bien la première fois que j'achetais un livre aussi vite ! Il faut dire que j'avais adoré Rien ne s'oppose à la nuit. C'est un livre qui m'avait profondément émue. J'étais curieuse de voir ce que l'écrivaine nous proposait enfin après ces longues années d'attente, non sans une certaine crainte (sera-t-il aussi bon que le précédent ?!). On peut dire que j'ai eu le nez fin car, quelques semaines après mon achat, D'après une histoire vraie décrochait le prix Renaudot. Il était donc temps de m'y atteler !

C'est une histoire courte, très fluide, qui se lit donc vite. Le style n'est pas négligé pour autant. Le talent de Delphine de Vigan se confirme incontestablement et son phrasé est remarquable. Surtout, cette histoire troublante, déstabilisante, savamment amenée et distillée interroge à plus d'un titre. Évidemment, il y a la question sous-jacente que l'on ne peut s'empêcher d'avoir à l'esprit : histoire vraie ou pas ?! Tout est fait pour que l'on ne cesse d'y penser : la première personne du singulier, la similitude avec la vraie Delphine, son passé de romancière, sa famille, son compagnon... Comme beaucoup ce niveau de lecture m'a titillée. Mais ce qui m'a le plus tenue en haleine c'est bien sûr ce récit terrible de manipulation. Le personnage de L. est à la fois fascinant et détestable. En découvrant l'histoire a posteriori, on ne peut s'empêcher de se demander : "Mais jusqu'où ira-t-elle ? Quand et pourquoi Delphine va-t-elle se rendre compte ?". Si j'ai moins aimé que Rien ne s'oppose à la nuit, j'ai tout de même beaucoup apprécié cette lecture et je la conseille vivement !

* Extraits :
Exceptionnellement, voici deux extraits du livre. Ils ne traitent pas de la manipulation. Ce sont des passages où je me suis retrouvée, tout simplement ! J'aurai pu écrire ces lignes :

- Au sujet de ses amies :
"Je les admire, toutes, pour des raisons différentes, j'ai besoin de savoir ce qu'elles deviennent, ce qu'elles traversent, ce qui les émeut, même si nous avons des vies très occupées. J'aime aussi que mes amies se rencontrent, certaines ont développé entre elles des amitiés qui aujourd'hui n'ont plus rien à voir avec moi."

-  Une phrase qui paraît anodine mais qui me parle énormément car je suis fascinée depuis des années par les aéroports, surtout par les gens qui y sont. Je passe mon temps à m'imaginer leur parcours. Et les livres jouent pour moi un marqueur de la mémoire. Quand je vois la couverture d'un livre lu en tour du monde, je me revois le lire, je me souviens précisément des moments vécus au bout du monde :
"Je me souviens que nous avons parlé de la ville dans laquelle elle vivait, de la beauté des aéroports, de la manière dont les livres continuaient de vivre dans notre mémoire, malgré l'oubli."

mercredi 18 novembre 2015

David Nicholls - Un jour - 2011

Livre lu à Tupiza (Bolivie) - mai 2014

* Présentation de l'éditeur :
Lui, Dexter, issu d'un milieu aisé, séduisant, sûr de lui, insouciant. Elle, Emma, d'origine modeste, charmante qui s'ignore, bourrée de complexes, de principes et de convictions.Nous sommes le 15 juillet 1988. Margaret Thatcher est au pouvoir, la new wave bat son plein, Dexter et Emma viennent de passer une nuit ensemble. Ces deux-là ne le savent pas encore mais ils ont vécu un coup de foudre.D'année en année, Dexter et Emma vont se chercher, se perdre, s'aimer, se détester, se séparer, et finir par comprendre qu'ils ne sont jamais aussi heureux que lorsqu'ils sont ensemble.Nous sommes le 15 juillet 2004. Tony Blair est Premier ministre, Robbie Williams cartonne et la vie, la vie qui va, réserve encore bien des surprises...

* Mon avis :
Un peu exaspérée par l'héroïne au début, j'ai fini par m'attacher (un peu) à ce couple qui se perd et se retrouve au gré de la vie. C'est finalement une belle histoire d'amour, agréable à lire. Ce n'est pas un livre transcendant mais il a ce côté intéressant dans le sens où le lecteur est curieux de connaître le dénouement : vont-ils finalement s'aimer ou vivre l'un sans l'autre ? Bon, c'est un livre pour fille, c'est sûr ! Je découvre que c'est un énorme best seller, j'ai un peu de mal à comprendre pourquoi... C'est sûrement dû à un bon plan marketing de l'éditeur et à l'adaptation cinématographique (qui ne m'intéresse absolument pas). Si vous êtes dans une période "histoire d'amour", why not ?! Ou bien si vous cherchez un livre de plage (quoiqu'en cette saison...). Mais si vous êtes dans une période déprime, évitez !

mardi 17 novembre 2015

Harlan Coben - Sous haute tension - 2011

Livre lu à Tilcara (Argentine) - avril 2014

* Présentation de l'éditeur :
Une femme partie sans laisser de traces revient... Et fait remonter à la surface seize ans de mensonges. Qu'est-il arrivé au frère et à la belle-soeur de Bolitar, disparues depuis 16 ans ? Pourquoi ce dernier se sent-il coupable ? Comment pourra-t-il affronter son neveu, qu'il n'a jamais vu mais qui le hait déjà ? Une investigation sous haute tension pour l'agent-détective. Et la troublante découverte de sa part d'ombre...

* Mon avis :
 J'ai du mal avec les thrillers. Soit j'adore, soit je déteste. Qu'est-ce qui fait qu'un livre va être palpitant, angoissant, trépidant et un autre lent, ennuyeux, sans accroche ? Difficile à dire : le talent de l'auteur bien sûr, la traduction aussi, le thème de départ et bien sûr la sensibilité du lecteur, son état d'esprit au moment de la lecture, son "vécu littéraire"... Ici, je n'ai pas accroché. La personnalité de Bolitar, le contexte, l'intrigue... peu de choses trouvaient grâce à mes yeux. Et puis j'ai réalisé que tous ces personnages étaient les mêmes que ceux d’À découvert, roman pour ado lu trois mois auparavant. Je reconnais que cela m'a un peu réveillée mais ce n'est pas pour autant que j'ai plus accroché. Je crois d'ailleurs justement que je vais décrocher d'Harlan Coben...

lundi 16 novembre 2015

Elsa Triolet - Les manigances - 1961

Livre lu à Salta (Argentine) - avril 2014

* Présentation de l'éditeur :  
Clarisse, le personnage principal, est une chanteuse réaliste au succès convenable, sans plus, qui vient d’être accidentée. Elle s’estime victime, à tort ou à raison, des manigances du destin et, contrairement au sous-titre ("Journal d'une égoïste"), elle se préoccupe trop des autres : son mari, son pianiste, etc. Mais elle s’aperçoit en lisant Zubiri de Porto-Riche (inspiré par Victor Hugo) qu’elle est faite davantage pour le théâtre que pour la chanson. De « fil en aiguille », elle rencontre un ami qui lui propose une tournée en Amérique du Sud… Aura-t-elle le talent, la volonté, l’égoïsme nécessaire pour rompre avec la chanson et devenir une tragédienne ?

* Mon avis :
Elsa Triolet a écrit ce livre suite à une remarque de l'un de ses lecteurs : ses héros subissaient leur destin et n'étaient jamais acteurs de leur destin. Cela l'a poussé à réfléchir et à inventer ce personnage Clarisse. Jeune femme moderne du début des années 60, elle se cherche dans une vie d'artiste. J'ai aimé découvrir la femme d'Aragon. Mon année de première a été bercée par le poème "Les yeux d'Elsa", que j'avais trouvé si difficile à l'époque ! J'ai donc eu le sentiment de creuser un peu plus le sujet en lisant un écrit de la bien-aimée du poète résistant. J'ai également apprécié la chronique sous-jacente du Paris intellectuel des années 60. Elsa Triolet a insisté sur le fait que ce roman s'intègre pleinement dans son époque. Ce livre nous permet de tirer une leçon : l'égoïsme est bénéfique et constructif, lorsqu'il est bien dosé.

Philippe Delerm - Quelque chose en lui de Bartleby - 2009

Livre lu à Posadas, Argentine - avril 2014

* Présentation de l'éditeur :
Le jour où Arnold Spitzweg crée son blog, une petite révolution est en marche : l'employé de bureau discret jusqu'à l'effacement cède donc à la modernité mais sans renier ses principes. Sur la toile, à contre-courant du discours ambiant prônant l'activité outrancière, il fait l'éloge de la lenteur et décrit l'inclination naturelle à la paresse. Contre toute attente, les écrits intimes d'Arnold Spitzweg résonnent avec force chez des milliers d'internautes : on le félicite, on le sollicite, on parle de lui à la radio... L'homme anonyme fait l'événement. Comment vivra-t-il cette subite notoriété ? 

* Mon avis :
Petite fable d'un auteur reconnu que je découvre. Réflexions intéressante sur la contemplation, l'idée d'aller à contre-courant dans ce monde qui file. Réflexions aussi sur l'envie de partager par le blog, ce désir inavoué de (petite ou grande) notoriété, de partage avec un lectorat connu ou inconnu. Intéressant !

dimanche 1 novembre 2015

Martin Suter - Small World - 1998

* Présentation de l'éditeur :
A soixante ans, Conrad Lang vit aux crochets d'une riche famille qui l'a recueilli enfant et continue à le faire vivre en l'employant comme gardien. Un soir, il met accidentellement le feu à leur villa. Ce sont les premiers symptômes de la maladie d'Alzheimer, qui va avoir d'autres conséquences troublantes. Au fur et à mesure que sa mémoire proche est engloutie, des souvenirs que certains espéraient enfouis à tout jamais resurgissent peu à peu...

* Mon avis :
Ce livre, prêté par un ami, est très différent des livres que j'ai l'habitude de lire. Le thème de fond, la maladie d'Alzheimer, est en effet peu commun. C'est ce qui m'a attirée de prime abord. Cette maladie me fait peur, comme à beaucoup de personnes je suppose. J'ai peur de voir un jour l'un de mes proches en souffrir. Surtout, cette maladie m'effraie car elle touche à ce qui constitue la singularité d'un être humain : ses souvenirs, son vécu, son parcours. Tous ces petits moments de vie, banals ou exceptionnels qui, imbriqués les uns dans les autres forment une existence. La perte progressive de l'autonomie et le retour à une dépendance à autrui effraient également mais dans une mesure moindre dans le sens où il s'agit d'une conséquence souvent inévitable de la vieillesse. Les pages se tournent et l'état de Conrad se dégrade. Parfois rapidement, parfois lentement. Quelques fois des sursauts d'espoir apparaissent lorsqu'il a des regains de vivacité intellectuelle. Quelques longueurs parfois mais, avec le recul, elles me semblent nécessaires. 
Deuxième strate de la lecture, Simone. Comment cette jeune femme, cette gamine d'une vingtaine d'année, se retrouve-t-elle à se démener corps et âme pour sauver ce vieil homme avec qui elle n'a aucun lien ?! Simone a été LE personnage qui m'a intéressée dans ce livre. Plus que Conrad finalement. J'ai trouvée que la psychologie de cette jeune femme est traitée avec brio et profondeur par l'auteur.
Dernière strate de lecture, les secrets de famille révélés par Conrad malade. Lorsque la maladie d'Alzheimer s'immisce dans la vie d'une personne, la mémoire récente se disloque. Par contre, la mémoire ancienne, voire très ancienne, refait surface. Et Conrad se souvient d'évènements qui ont eu lieu lorsqu'il avait à peine quatre ans, soit soixante ans en arrière environ ! Il se remémore des scènes avec des détails troublants. De ce point de vue là, la quatrième de couverture fait miroiter des révélations chocs pour cette riche famille d'industriels suisses. J'avais beaucoup d'attentes concernant cet aspect de l'histoire et je n'ai pas été déçue par les révélations. Mais j'ai trouvé qu'elles tardaient vraiment à venir. Elles sont trop mises en avant par l'éditeur sur la quatrième de couverture et je m'aperçois, une fois le livre refermée, qu'elles ne sont pas le fondement de l'histoire, comme je l'espérais au départ. 
J'ai finalement trouvé autre chose que ce que je recherchais dans ce livre et, à ce titre, ce fut une bonne surprise ! 
Agréable lecture que je recommande. Seul gros bémol : des chapitres beaucoup trop longs (entre trente et cinquante pages).

A noter qu'un film avec Gérard Depardieu et Nathalie Baye est tiré de ce roman.

Gustave Flaubert - Madame Bovary - 1856

Livre lu en version numérique en Argentine 
avril 2014

* Présentation de l'éditeur :
Pour son malheur, Emma Bovary est née femme et vit en province. Mère de famille contrainte de demeurer au foyer, elle mène une existence médiocre auprès d'un mari insignifiant. Pourtant, Emma est nourrie de lectures romantiques et rêve d'aventures, de liberté et surtout de passion. L'ennui qui la ronge n'en est que plus violent, au point de la pousser à l'adultère.

* Mon avis :
Comment ne pas être sensible au destin d'Emma Bovary ? Rêves brisés et déchus, existence malheureuse et sans but réel... La vie d'Emma doit être semblable à celle de nombreuses femmes de sa condition au XIXe siècle. Là où certains pourraient trouver autant d'ennui à lire ce roman qu'Emma à vivre, j'y ai trouvé beaucoup de mélancolie. L'histoire d'Emma touche mais elle exaspère aussi ! Le personnage irrite car on ne cesse d'avoir envie de la secouer... Est-elle dépressive ? Probablement même s'il est difficile d'employer ce terme pour l'époque. Je découvre Flaubert avec son œuvre phare et je dois dire que je n'ai pas été déçue, même si j'ai été moins à l'aise qu'avec un Zola ou un Maupassant. Aujourd'hui, j'habite à quelques kilomètres du village dont Flaubert s'est inspiré pour écrire son roman et tout près de Lyons-la-Forêt, où ont été tournées les adaptations cinématographiques. J'apprécie découvrir les paysages que j'ai imaginés en lisant ce livre, il y a plus d'un an.