Classement par auteur

jeudi 31 décembre 2015

Chrystine Brouillet - Soins intensifs - 2010

Livre lu en juin 2014 pendant le trek du canyon del Colca - Pérou

* L'histoire :
Le fils de Denise Poissant, Kevin, est toujours malade. Elle l’a conduit dans presque tous les hôpitaux de Québec, mais aucun médecin n’arrive à trouver de quoi souffre cet enfant de deux ans. Denise est une mère dévouée qui n’hésite pas à demeurer des nuits entières au chevet de Kevin et qui passe tous ses loisirs à lire des ouvrages médicaux. Le personnel de l’hôpital a-t-il raison de se poser des questions ? Qu’est-ce qui pousse Maud Graham à intervenir, elle qui vit en ce moment un si bel épisode de sa vie ?

* Mon avis :
Tiens, un polar québécois ! Cela change des auteurs français car le style et l'approche sont ici différents. Outre les délicieuses expressions québécoises, notamment les jurons, on retrouve en trame le quotidien de "nos cousins" en hiver. J'ai apprécié ce dépaysement ! Surtout, le thème de l'intrigue est original et renvoie aux notions d'amour destructeur et de maladies mentales. C'est un polar intéressant, original, que je conseille à ceux qui aiment le genre et qui veulent changer d'air !

mardi 22 décembre 2015

Anne Berest - La fille de son père - 2010

Livre lu à Arequipa, Pérou - mai 2014

* L'histoire :
Trois sœurs que la vie a éloignées se retrouvent chez leur père à l'occasion d'un dîner d'anniversaire.
Dans la maison d'enfance, les souvenirs affleurent. Les gestes deviennent nerveux, les langues fourchent et les rancoeurs s'invitent autour de la table. Au dessert, un secret de famille est révélé. Une bombe à retardement qui va, sourdement, modifier le quotidien de chacune des filles.

 * Mon avis :
Après une longue journée et une longue nuit dans un bus entrecoupées de longues heures d'attente nous étions épuisés. Arrivés dans la magnifique ville d'Arequipa, nous nous sommes accordés une journée de repos dans une petite pension où nous allions rester quelques jours. J'en ai profité pour lire en quelques heures ce petit livre de 145 pages. C'est une histoire touchante mais qui aurait gagné à être un peu plus développée. Sans forcément en faire un trop long roman, je pense que l'auteure aurait pu s'attarder un peu plus sur ses personnages.

Arnaldur Indridason - L'homme du lac - 2008

* L'histoire :
A la suite des tremblements de terre d'Islande en juin 2000, le lac de Kleifarvatn se vide peu à peu. Une géologue chargée de mesurer le niveau de l'eau découvre sur le fond asséché un squelette lesté par un émetteur radio portant des inscriptions en caractères cyrilliques à demi effacés. Erlendur et son équipe se voient chargés de l'enquête.
Il dormait au fond d'un lac depuis soixante ans. Il aura fallu un tremblement de terre pour que l'eau se retire et dévoile son squelette, lesté par un émetteur radio recouvert d'inscriptions en caractères cyrilliques à demi effacés. Qui est donc l'homme du lac ? L'enquête révèlera au commissaire Erlendur le destin tragique d'étudiants islandais confrontés aux rouages implacables de la Stasi.

* Mon avis :
J'avais très envie de retrouver ce cher Erlendur que j'affectionne tant. Si cet opus est moins prenant que La femme en vert ou La voix par exemple, il reste un très bon polar, s'intégrant parfaitement dans la lignée des enquêtes du taciturne commissaire.
Du côté de l'intrigue, nous retrouvons le schéma habituel emprunté par Indridason, à savoir un meurtre qui trouve ses origines dans un passé plus ou moins lointain. Les moments de récits se déroulant dans le passé alternent donc avec l'avancée de l'enquête, permettant souvent au lecteur d'avoir un temps d'avance sur la police. Ici, c'est le destin de jeunes étudiants islandais partis étudier en Allemagne de l'Est dans les années 1950 qui est relaté. Ils sont pétris d'idées socialistes et rêvent d'un monde meilleur, plus juste, plus égalitaire. Ils découvriront une idéologie terrible, faite de surveillances allant aux limites de l'entendement. Leur histoire, c'est celle de la désillusion, celle d'idéaux brisés par une réalité implacable, brisés par une machine sans pitié : la Stasi.
En parallèle, nous en apprenons toujours un peu plus sur Erlendur, son passé, ses déchirures personnelles, ainsi que le quotidien de son équipe (Elinborg est d'ailleurs très à son avantage dans cette histoire !). 
C'est aussi le premier épisode qui se déroule au début de l'été, à une saison où le soleil ne se couche jamais et tous les menus détails en lien avec le quotidien des Islandais à cette période de l'année sont savoureux. 

Note : Si vous désirez découvrir Indridason (ce que je ne peux que vous conseiller !!), vous trouverez la liste de ses œuvres par ordre chronologique dans l'onglet "classement par auteur". Le premier étant La cité des jarres, que je n'ai pas encore chroniqué.

lundi 21 décembre 2015

Franck Tilliez - Puzzle - 2013

Livre lu entre la frontière bolivienne et péruvienne mai 2014
* L'histoire :
Et si on vous demandait de mourir… dans un jeu ? Ilan et Chloé, deux jeunes gens spécialistes des chasses au trésor ont rêvé des années durant de participer à la partie ultime, d’un jeu mystérieux dont on ne connaît pas les règles, dont on ne connaît pas l’entrée, et dont on ne sait même pas s’il existe. Mais dont on connaît le nom : Paranoïa.
Lorsqu’un an après leur rupture Chloé réapparaît dans la vie d’Illan en lui annonçant qu’elle sait comment jouer, ce dernier a totalement rompu avec l’univers des jeux, et vit isolé dans la maison de ses parents disparus en mer. Officiellement morts, mais Ilan est persuadé qu’ils ont été enlevés à cause de leurs recherches scientifiques. Après avoir refusé l’aventure, Illan cède alors que Chloé lui fait part de la rumeur : le gagnant remporterait 300 000 euros.
Après un premier jeu de pistes dans Paris, les deux amis sont enfin sélectionnés. C’est alors qu’ils découvrent la règle numéro 1 : « Quoiqu’il arrive, rien de ce que vous allez vivre n’est la réalité. Il s’agit d’un jeu. », rapidement suivie, à leur arrivée sur les lieux du jeu - un gigantesque bâtiment isolé en pleine montagne appelé Complexe psychiatrique de Swanessong – de la règle numéro 2 : « L’un d’entre vous va mourir. »
Quand les joueurs découvrent le premier cadavre, quand Illan retrouve dans le jeu des informations liées à la disparition de ses parents, la distinction entre le jeu et la réalité est de plus en plus difficile à faire…
Et Paranoia peut alors réellement commencer…

* Mon avis :
Alors là, on peut dire que ce livre m'a surprise ! Je l'ai lu d'une traite entre la Bolivie et le Pérou et je n'ai pu m'en détacher pendant les longues heures passées à attendre un bus à la gare routière de Puno, au bord du lac Titicaca. Et pour cause : j'ai été totalement conquise par ce jeu terrible et au nom évocateur "Paranoïa". J'adore les énigmes et les jeux de piste et les voir associés à une ambiance angoissante m'a doublement plu car j'ai toujours aimé me faire peur. Quand j'étais gamine, j'adorais les téléfilms et séries pour jeunes dans cet esprit. Comme les joueurs dans le livre, je frémissais à chaque nouvelle avancée dans ce terrifiant hôpital psychiatrique abandonné. D'ailleurs, "frémir" est un euphémisme : j'ai réellement eu peur à certaines passages ! Je reconnais que je suis "bon public" mais il faut dire que Franck Thilliez, que je ne connaissais pas, est doué pour l'angoisse. 
Cette histoire n'est pas sans rappeler le film Shutter Island...

François Garde - Ce qu'il advint du sauvage blanc - 2012

Livre lu à La Paz en Bolivie (mai 2014)

* L'histoire :
Au milieu du XIXe siècle, Narcisse Pelletier, un jeune matelot français, est abandonné sur une plage d'Australie. Dix-sept ans plus tard, un navire anglais le retrouve par hasard : il vit nu, tatoué, sait chasser et pêcher à la manière de la tribu qui l'a recueilli. Il a perdu l'usage de la langue française et oublié son nom. Que s'est-il passé pendant ces dix-sept années ? C'est l'énigme à laquelle se heurte Octave de Vallombrun, l'homme providentiel qui recueille à Sydney celui qu'on surnomme désormais le « sauvage blanc ».

* Mon avis :
Ce livre m'a marquée, d'autant plus qu'ils s'agit d'une histoire vraie. C'est une découverte totalement inattendue au cœur de ce voyage où je lisais les livres des bibliothèques des auberges de jeunesse. J'ai été fascinée par l'histoire de cet homme qui a tout oublié de son passé d'occidental. La façon dont est traité le sujet est particulièrement intéressante : le récit de la vie de Narcisse dans la tribu, sa découverte, son retour en Europe, le questionnement d'Octave... Ce livre s'ancre dans le XIXe siècle colonial, où les Européens se pensaient investis d'une mission civilisatrice de part le monde. De fait, cet homme dérange, intrigue. Il lui faut abandonner sa "sauvagerie" ! 

En complément, je vous propose de lire cette interview de François Garde, parue sur le site de Libération le 2 février 2012 :

Noël. J'aimerais savoir comment vous avez rencontré Narcisse Pelletier ?
François Garde. C'est à Nouméa que j'ai entendu parler de cette histoire, il y a une dizaine d'années. J'avais juste retenu l'essentiel, l'histoire d'un matelot oublié, et qui était devenu complètement étranger à sa culture d'origine. Cette histoire m'avait fasciné. Elle est restée dans un coin de ma tête, et est ressortie sous forme de livre. Je n'ai recherché des informations sur cette histoire qu'après avoir terminé la première version du manuscrit.

Colline. Par quel biais ? Les habitants ? Des ouvrages ?
F. G. Je crois me souvenir que c'est un article dans le journal local. L'histoire de Narcisse Pelletier est tès peu connue en France, sauf en Vendée. Par contre, elle est assez connue en Australie. Elle est considérée comme l'une des grandes histoires de destin maritime, comme les Révoltés du Bounty. Par contre, si l'on demande à des Australiens, un peu familier du monde maritine, ils citeront Narcisse Pelletier parmi les dix plus belles histoires des mers. Je m'aperçois qu'avec mon livre, je rend Narcisse Pelletier à son pays, et j'en suis bien content pour lui.

Prune. Avez-vous consulté les archives maritimes départementales pour savoir ce qui s'est vraiment passé à bord du Saint-Paul ?
F. G. Non, j'ai modifié les circonstances de l'abandon. Le véritable Saint-Paul avait fait naufrage. Les rescapés ont embarqué sur une chaloupe, passé plusieurs jours en mer, et comme Narcisse Pelletier avait été blessé dans un affrontement avec les indigènes d'une île de Micronésie, la chaloupe l'a délibérement abandonné en raison de ses blessures. Dans mon roman, Narcisse espère que le bateau va revenir, et cela change sa manière de réagir à l'abandon. Lui a de l'espoir, alors que le vrai Narcisse n'en a jamais eu.

Colline. Comment a-t-il été retrouvé et qui a décidé de le ramener en France ?
F. G. Il a été retrouvé par un bateau anglais qui s'appelle le John Bell. Les marins qui sont allés à terre se sont aperçus, comme dans le roman, qu'il y avait un blanc au milieu des sauvages. Ils l'ont capturé de force, et l'ont emmené d'abord à un petit poste militaire à l'extrême nord-est de l'Australie. Là, le vrai Narcisse a essayé de s'échapper. Il a été attrapé, emmené à Sydney, et confié au consul de France, qui a organisé son retour en France. Ils l'ont ramené parce que la présence d'un blanc dans une tribu sauvage était insupportable dans les représentations mentales du XIX siècle où régnait la certitude d'une hiérarchie des races.

Votre pseudo. Votre histoire est fantastique et mérite le détour, on remarque l'authenticité des faits relatés et nous plonge dans des abîmes enivrants.
Bernard. Bonjour, pas de questions mais des impressions. Une histoire étonnante, une très belle écriture, un attachement pour chacun des personnages. C'est selon moi le livre de ce début d'année. Un grand merci à François Garde pour ce grand moment de lecture.
F. G. Merci pour les compliments qui me font très plaisir. Je ne suis pas sûr que le fait que l'histoire soit vraie soit important. Je n'aurais jamais osé, sans doute, imaginer cette histoire, mais l'ayant connue, je me suis autorisé toutes les libertés de l'écrivain pour en faire ma création.

Colline. Existe-t-il des écrits sur sa réadaptation et sa «re-socialisation» au monde occidental ?
F. G. Hélas, Octave de Vallombreu – ce scientifique qui s'intéresse à Narcisse et réfléchit à son retour au monde civilisé – n'a jamais existé. Le vrai Narcisse n'a suscité aucun intérêt de cet ordre. Un érudit local lui a fait raconter son aventure, pour en tirer un petit livret qui a été vendu pour lui constituer un pécule. Le vrai Narcisse Pelletier a refusé la proposition d'un cirque qui voulait l'exhiber comme cela se faisait à l'époque. Les outils scientifiques qui auraient permis de comprendre en profondeur l'histoire de Narcisse n'ont été forgés qu'au début du XXe siècle, notamment, et ce n'est pas un hasard, dans le Pacifique, avec les grands noms de l'anthropologie.

Geneviève. Savez-vous s'il existe une réédition de «Chez les sauvages» de Narcisse Pelletier ?F. G. Je ne sais pas. Je n'ai pas souhaité la lire.

Colline. Mais on ne sait pas comment Narcisse Pelletier a fini sa vie ? C'est vraiment une histoire étonnante et je vais m'empresser d'aller acquérir votre ouvrage cet après-midi!
F. G. Le vrai Narcisse Pelletier, à son retour, on lui a trouvé par charité un emploi de gardien de phare, à Saint Nazaire. Il est mort à cinquante ans.

Hanna. Votre roman se situe au XIXe siècle. Pourquoi avez-vous choisi des tragédies de Racine parmi les lectures faites par Vallombrun à Amglo (Narcisse) ?
F. G. Parce que la langue de Racine est un modèle indépassable d'élégance et de classicisme. A choisir un livre, pour la sonorité du français, j'ai mis dans la bibliothèque du gouverneur ce qui me semblait un idéal de perfection de la langue française.

Bernard. Pendant la lecture du livre, je n'ai pu m'empêcher de penser à «l'Enfant sauvage» de François Truffaut, inspiré aussi d'une histoire vraie. C'est pour moi le choc des cultures; le moment ou l'on bascule d'un côté ou de l'autre : troublant non ?
F. G. Oui, à la différence radicale que l'Enfant sauvage a été, semble-t-il, élevé par des loups, et que Narcisse a été adopté par des êtres humains! L'Enfant sauvage de l'Aveyron est un cas unique, où aucune culture n'existait. Narcisse, lui, n'est pas confronté à l'absence de culture, mais a une culture qui lui est fondamentalement étrangère. D'autant plus que Narcisse a fait deux fois ce voyage, puisqu'il était de son temps et de son monde occidental. Il a fallu qu'il le désaprenne pour pouvoir survivre comme aborigène, et faire ensuite, dix-huit ans plus tard, le voyage du retour.

mercredi 16 décembre 2015

Belinda Bauer - Sous les bruyères - 2010

Livre lu à Sucre, Bolivie (mai 2014)

* L'histoire :
Steven n'a que douze ans et pourtant, il entretient une relation épistolaire avec un tueur en série... C'est le moyen qu'il a trouvé pour en finir avec cette histoire familiale qui lui empoisonne l'existence. Car Steven en a assez de creuser la lande à la recherche du corps de son oncle Billy, disparu à peu près au même âge que lui. Persuadé que sa mère et sa grand-mère ne parviendront jamais à faire leur deuil, il entre en contact avec Arnold Avery, incarcéré pour le meurtre de plusieurs enfants dans la région à la même période. Pour Steven, Billy est forcément tombé entre ses grilles. C'est bien pour cela qu'il lui écrit une lettre énigmatique destinée à piquer sa curiosité. Et le stratagème fonctionne ! Le détenu lui répond, et tous deux instaurent une correspondance codée, afin de tromper la vigilance des gardiens. Mais Steven n'imagine pas dans quel engrenage il a mis le doigt. Car Arnold Avery n'est pas seulement un meurtrier rusé et sans scrupules, il est aussi joueur et s'ennuie depuis beaucoup trop longtemps dans sa cellule...

* Mon avis :
Une idée de départ originale mais qui devient vite tirée par les cheveux et prévisible. Ce n'est clairement pas un bon thriller !

M. L. Stedman - Une vie entre deux océans - 2013

* Présentation de l'éditeur :
Libéré de l'horreur des tranchées où il a combattu, Tom Sherbourne, de retour en Australie, devient gardien de phare sur l'île de Janus, une île sur les Lights, sauvage et reculée. À l'abri du tumulte du monde, il coule des jours heureux avec sa femme Isabel ; un bonheur peu à peu contrarié par l'impossibilité d'avoir un enfant. Jusqu'à ce jour d'avril où un dinghy vient s'abîmer sur le rivage, abritant à son bord le cadavre d'un homme et un bébé sain et sauf. Isabel demande à Tom d'ignorer le règlement, de ne pas signaler «l'incident» et de garder avec eux l'enfant. Une décision aux conséquences dévastatrices... Un premier roman plébiscité dans le monde entier qui interroge les liens du coeur et du sang.

* Mon avis :
J'ai mis plusieurs mois avant de commencer ce livre que l'on m'a prêté. Le titre et la quatrième de couverture m'enchantaient peu et puis finalement je me suis lancée... et je n'ai pas regretté !
Il s'agit d'une très belle et triste histoire qui s'ancre dans l'époque de l'après-guerre. Les familles de ce petit bourg perdu de l'Ouest de l'Australie ont souffert du lointain conflit en Europe. Sur leur petit bout de terre, Tom et Isabel vivent seuls, en autarcie sur cette île dont ils gardent le phare. Une vie particulière, rythmée par les passages du bateau ravitailleurs, deux fois par an et par les trop rares visites sur le continent, tous les trois ans. L'isolement heureux devient tragique lorsqu'Isabel met au monde un troisième bébé mort né. Le désespoir fait désormais partie du quotidien du couple. Alors on ne peut que comprendre, sans excuser, leur geste fou : garder ce bébé amené par la mer. Ne pas le signaler. Cette histoire questionne sur le choix, le tiraillement, le sacrifice. Années après années, le doute et le regret s'installent dans l'esprit de Tom. La vie heureuse des premiers temps avec la petite va progressivement être ternie par le lourd poids du secret et du mensonge. L'amour et le pardon seront-ils plus forts que tout ? Je n'ai cessé de me le demander en tournant les pages de ce livre qui m'a bien plu et m'a même tiré quelques larmes ! Je conseille.

mercredi 25 novembre 2015

Delphine de Vigan - D'après une histoire vraie - 2015

Prix Renaudot 2015

* Présentation de l'éditeur :
"Ce livre est le récit de ma rencontre avec L. L. est le cauchemar de tout écrivain. Ou plutôt le genre de personne qu'un écrivain ne devrait jamais croiser."
Dans ce roman aux allures de thriller psychologique, Delphine de Vigan s'aventure en équilibriste sur la ligne de crête qui sépare le réel de la fiction. Ce livre est aussi une plongée au cœur d'une époque fascinée par le Vrai.

* Mon avis :
Je m'étais promis de ne pas acheter de livres avant de longs mois, pas avant d'avoir terminé la pile de bouquins prêtés... Mais je suis faible et, telle une gourmande qui craque en passant devant une pâtisserie (ce que je suis aussi !), j'ai du mal à résister lorsque je suis dans une librairie ou chez des amis. Mon étagère "à lire" est donc loin d'être couverte de bibelots, quand, telle une Danaïde moderne, je la remplis inlassablement non pas d'eau, mais de romans.

Je ne suis vraiment pas coutumière des rentrées littéraires. La seule fois où j'avais acheté un livre "de septembre", c'était pour découvrir Amélie Nothomb (bien avant de commencer ce blog) avec un livre vite oublié. Fin août, je me retrouve totalement par hasard face à une pile du dernier Delphine de Vigan. Je n'ai pas hésité une seule seconde et je suis allé à la caisse aussitôt. C'est bien la première fois que j'achetais un livre aussi vite ! Il faut dire que j'avais adoré Rien ne s'oppose à la nuit. C'est un livre qui m'avait profondément émue. J'étais curieuse de voir ce que l'écrivaine nous proposait enfin après ces longues années d'attente, non sans une certaine crainte (sera-t-il aussi bon que le précédent ?!). On peut dire que j'ai eu le nez fin car, quelques semaines après mon achat, D'après une histoire vraie décrochait le prix Renaudot. Il était donc temps de m'y atteler !

C'est une histoire courte, très fluide, qui se lit donc vite. Le style n'est pas négligé pour autant. Le talent de Delphine de Vigan se confirme incontestablement et son phrasé est remarquable. Surtout, cette histoire troublante, déstabilisante, savamment amenée et distillée interroge à plus d'un titre. Évidemment, il y a la question sous-jacente que l'on ne peut s'empêcher d'avoir à l'esprit : histoire vraie ou pas ?! Tout est fait pour que l'on ne cesse d'y penser : la première personne du singulier, la similitude avec la vraie Delphine, son passé de romancière, sa famille, son compagnon... Comme beaucoup ce niveau de lecture m'a titillée. Mais ce qui m'a le plus tenue en haleine c'est bien sûr ce récit terrible de manipulation. Le personnage de L. est à la fois fascinant et détestable. En découvrant l'histoire a posteriori, on ne peut s'empêcher de se demander : "Mais jusqu'où ira-t-elle ? Quand et pourquoi Delphine va-t-elle se rendre compte ?". Si j'ai moins aimé que Rien ne s'oppose à la nuit, j'ai tout de même beaucoup apprécié cette lecture et je la conseille vivement !

* Extraits :
Exceptionnellement, voici deux extraits du livre. Ils ne traitent pas de la manipulation. Ce sont des passages où je me suis retrouvée, tout simplement ! J'aurai pu écrire ces lignes :

- Au sujet de ses amies :
"Je les admire, toutes, pour des raisons différentes, j'ai besoin de savoir ce qu'elles deviennent, ce qu'elles traversent, ce qui les émeut, même si nous avons des vies très occupées. J'aime aussi que mes amies se rencontrent, certaines ont développé entre elles des amitiés qui aujourd'hui n'ont plus rien à voir avec moi."

-  Une phrase qui paraît anodine mais qui me parle énormément car je suis fascinée depuis des années par les aéroports, surtout par les gens qui y sont. Je passe mon temps à m'imaginer leur parcours. Et les livres jouent pour moi un marqueur de la mémoire. Quand je vois la couverture d'un livre lu en tour du monde, je me revois le lire, je me souviens précisément des moments vécus au bout du monde :
"Je me souviens que nous avons parlé de la ville dans laquelle elle vivait, de la beauté des aéroports, de la manière dont les livres continuaient de vivre dans notre mémoire, malgré l'oubli."

mercredi 18 novembre 2015

David Nicholls - Un jour - 2011

Livre lu à Tupiza (Bolivie) - mai 2014

* Présentation de l'éditeur :
Lui, Dexter, issu d'un milieu aisé, séduisant, sûr de lui, insouciant. Elle, Emma, d'origine modeste, charmante qui s'ignore, bourrée de complexes, de principes et de convictions.Nous sommes le 15 juillet 1988. Margaret Thatcher est au pouvoir, la new wave bat son plein, Dexter et Emma viennent de passer une nuit ensemble. Ces deux-là ne le savent pas encore mais ils ont vécu un coup de foudre.D'année en année, Dexter et Emma vont se chercher, se perdre, s'aimer, se détester, se séparer, et finir par comprendre qu'ils ne sont jamais aussi heureux que lorsqu'ils sont ensemble.Nous sommes le 15 juillet 2004. Tony Blair est Premier ministre, Robbie Williams cartonne et la vie, la vie qui va, réserve encore bien des surprises...

* Mon avis :
Un peu exaspérée par l'héroïne au début, j'ai fini par m'attacher (un peu) à ce couple qui se perd et se retrouve au gré de la vie. C'est finalement une belle histoire d'amour, agréable à lire. Ce n'est pas un livre transcendant mais il a ce côté intéressant dans le sens où le lecteur est curieux de connaître le dénouement : vont-ils finalement s'aimer ou vivre l'un sans l'autre ? Bon, c'est un livre pour fille, c'est sûr ! Je découvre que c'est un énorme best seller, j'ai un peu de mal à comprendre pourquoi... C'est sûrement dû à un bon plan marketing de l'éditeur et à l'adaptation cinématographique (qui ne m'intéresse absolument pas). Si vous êtes dans une période "histoire d'amour", why not ?! Ou bien si vous cherchez un livre de plage (quoiqu'en cette saison...). Mais si vous êtes dans une période déprime, évitez !

mardi 17 novembre 2015

Harlan Coben - Sous haute tension - 2011

Livre lu à Tilcara (Argentine) - avril 2014

* Présentation de l'éditeur :
Une femme partie sans laisser de traces revient... Et fait remonter à la surface seize ans de mensonges. Qu'est-il arrivé au frère et à la belle-soeur de Bolitar, disparues depuis 16 ans ? Pourquoi ce dernier se sent-il coupable ? Comment pourra-t-il affronter son neveu, qu'il n'a jamais vu mais qui le hait déjà ? Une investigation sous haute tension pour l'agent-détective. Et la troublante découverte de sa part d'ombre...

* Mon avis :
 J'ai du mal avec les thrillers. Soit j'adore, soit je déteste. Qu'est-ce qui fait qu'un livre va être palpitant, angoissant, trépidant et un autre lent, ennuyeux, sans accroche ? Difficile à dire : le talent de l'auteur bien sûr, la traduction aussi, le thème de départ et bien sûr la sensibilité du lecteur, son état d'esprit au moment de la lecture, son "vécu littéraire"... Ici, je n'ai pas accroché. La personnalité de Bolitar, le contexte, l'intrigue... peu de choses trouvaient grâce à mes yeux. Et puis j'ai réalisé que tous ces personnages étaient les mêmes que ceux d’À découvert, roman pour ado lu trois mois auparavant. Je reconnais que cela m'a un peu réveillée mais ce n'est pas pour autant que j'ai plus accroché. Je crois d'ailleurs justement que je vais décrocher d'Harlan Coben...

lundi 16 novembre 2015

Elsa Triolet - Les manigances - 1961

Livre lu à Salta (Argentine) - avril 2014

* Présentation de l'éditeur :  
Clarisse, le personnage principal, est une chanteuse réaliste au succès convenable, sans plus, qui vient d’être accidentée. Elle s’estime victime, à tort ou à raison, des manigances du destin et, contrairement au sous-titre ("Journal d'une égoïste"), elle se préoccupe trop des autres : son mari, son pianiste, etc. Mais elle s’aperçoit en lisant Zubiri de Porto-Riche (inspiré par Victor Hugo) qu’elle est faite davantage pour le théâtre que pour la chanson. De « fil en aiguille », elle rencontre un ami qui lui propose une tournée en Amérique du Sud… Aura-t-elle le talent, la volonté, l’égoïsme nécessaire pour rompre avec la chanson et devenir une tragédienne ?

* Mon avis :
Elsa Triolet a écrit ce livre suite à une remarque de l'un de ses lecteurs : ses héros subissaient leur destin et n'étaient jamais acteurs de leur destin. Cela l'a poussé à réfléchir et à inventer ce personnage Clarisse. Jeune femme moderne du début des années 60, elle se cherche dans une vie d'artiste. J'ai aimé découvrir la femme d'Aragon. Mon année de première a été bercée par le poème "Les yeux d'Elsa", que j'avais trouvé si difficile à l'époque ! J'ai donc eu le sentiment de creuser un peu plus le sujet en lisant un écrit de la bien-aimée du poète résistant. J'ai également apprécié la chronique sous-jacente du Paris intellectuel des années 60. Elsa Triolet a insisté sur le fait que ce roman s'intègre pleinement dans son époque. Ce livre nous permet de tirer une leçon : l'égoïsme est bénéfique et constructif, lorsqu'il est bien dosé.

Philippe Delerm - Quelque chose en lui de Bartleby - 2009

Livre lu à Posadas, Argentine - avril 2014

* Présentation de l'éditeur :
Le jour où Arnold Spitzweg crée son blog, une petite révolution est en marche : l'employé de bureau discret jusqu'à l'effacement cède donc à la modernité mais sans renier ses principes. Sur la toile, à contre-courant du discours ambiant prônant l'activité outrancière, il fait l'éloge de la lenteur et décrit l'inclination naturelle à la paresse. Contre toute attente, les écrits intimes d'Arnold Spitzweg résonnent avec force chez des milliers d'internautes : on le félicite, on le sollicite, on parle de lui à la radio... L'homme anonyme fait l'événement. Comment vivra-t-il cette subite notoriété ? 

* Mon avis :
Petite fable d'un auteur reconnu que je découvre. Réflexions intéressante sur la contemplation, l'idée d'aller à contre-courant dans ce monde qui file. Réflexions aussi sur l'envie de partager par le blog, ce désir inavoué de (petite ou grande) notoriété, de partage avec un lectorat connu ou inconnu. Intéressant !

dimanche 1 novembre 2015

Martin Suter - Small World - 1998

* Présentation de l'éditeur :
A soixante ans, Conrad Lang vit aux crochets d'une riche famille qui l'a recueilli enfant et continue à le faire vivre en l'employant comme gardien. Un soir, il met accidentellement le feu à leur villa. Ce sont les premiers symptômes de la maladie d'Alzheimer, qui va avoir d'autres conséquences troublantes. Au fur et à mesure que sa mémoire proche est engloutie, des souvenirs que certains espéraient enfouis à tout jamais resurgissent peu à peu...

* Mon avis :
Ce livre, prêté par un ami, est très différent des livres que j'ai l'habitude de lire. Le thème de fond, la maladie d'Alzheimer, est en effet peu commun. C'est ce qui m'a attirée de prime abord. Cette maladie me fait peur, comme à beaucoup de personnes je suppose. J'ai peur de voir un jour l'un de mes proches en souffrir. Surtout, cette maladie m'effraie car elle touche à ce qui constitue la singularité d'un être humain : ses souvenirs, son vécu, son parcours. Tous ces petits moments de vie, banals ou exceptionnels qui, imbriqués les uns dans les autres forment une existence. La perte progressive de l'autonomie et le retour à une dépendance à autrui effraient également mais dans une mesure moindre dans le sens où il s'agit d'une conséquence souvent inévitable de la vieillesse. Les pages se tournent et l'état de Conrad se dégrade. Parfois rapidement, parfois lentement. Quelques fois des sursauts d'espoir apparaissent lorsqu'il a des regains de vivacité intellectuelle. Quelques longueurs parfois mais, avec le recul, elles me semblent nécessaires. 
Deuxième strate de la lecture, Simone. Comment cette jeune femme, cette gamine d'une vingtaine d'année, se retrouve-t-elle à se démener corps et âme pour sauver ce vieil homme avec qui elle n'a aucun lien ?! Simone a été LE personnage qui m'a intéressée dans ce livre. Plus que Conrad finalement. J'ai trouvée que la psychologie de cette jeune femme est traitée avec brio et profondeur par l'auteur.
Dernière strate de lecture, les secrets de famille révélés par Conrad malade. Lorsque la maladie d'Alzheimer s'immisce dans la vie d'une personne, la mémoire récente se disloque. Par contre, la mémoire ancienne, voire très ancienne, refait surface. Et Conrad se souvient d'évènements qui ont eu lieu lorsqu'il avait à peine quatre ans, soit soixante ans en arrière environ ! Il se remémore des scènes avec des détails troublants. De ce point de vue là, la quatrième de couverture fait miroiter des révélations chocs pour cette riche famille d'industriels suisses. J'avais beaucoup d'attentes concernant cet aspect de l'histoire et je n'ai pas été déçue par les révélations. Mais j'ai trouvé qu'elles tardaient vraiment à venir. Elles sont trop mises en avant par l'éditeur sur la quatrième de couverture et je m'aperçois, une fois le livre refermée, qu'elles ne sont pas le fondement de l'histoire, comme je l'espérais au départ. 
J'ai finalement trouvé autre chose que ce que je recherchais dans ce livre et, à ce titre, ce fut une bonne surprise ! 
Agréable lecture que je recommande. Seul gros bémol : des chapitres beaucoup trop longs (entre trente et cinquante pages).

A noter qu'un film avec Gérard Depardieu et Nathalie Baye est tiré de ce roman.

Gustave Flaubert - Madame Bovary - 1856

Livre lu en version numérique en Argentine 
avril 2014

* Présentation de l'éditeur :
Pour son malheur, Emma Bovary est née femme et vit en province. Mère de famille contrainte de demeurer au foyer, elle mène une existence médiocre auprès d'un mari insignifiant. Pourtant, Emma est nourrie de lectures romantiques et rêve d'aventures, de liberté et surtout de passion. L'ennui qui la ronge n'en est que plus violent, au point de la pousser à l'adultère.

* Mon avis :
Comment ne pas être sensible au destin d'Emma Bovary ? Rêves brisés et déchus, existence malheureuse et sans but réel... La vie d'Emma doit être semblable à celle de nombreuses femmes de sa condition au XIXe siècle. Là où certains pourraient trouver autant d'ennui à lire ce roman qu'Emma à vivre, j'y ai trouvé beaucoup de mélancolie. L'histoire d'Emma touche mais elle exaspère aussi ! Le personnage irrite car on ne cesse d'avoir envie de la secouer... Est-elle dépressive ? Probablement même s'il est difficile d'employer ce terme pour l'époque. Je découvre Flaubert avec son œuvre phare et je dois dire que je n'ai pas été déçue, même si j'ai été moins à l'aise qu'avec un Zola ou un Maupassant. Aujourd'hui, j'habite à quelques kilomètres du village dont Flaubert s'est inspiré pour écrire son roman et tout près de Lyons-la-Forêt, où ont été tournées les adaptations cinématographiques. J'apprécie découvrir les paysages que j'ai imaginés en lisant ce livre, il y a plus d'un an.

dimanche 25 octobre 2015

Herman Koch - Le dîner - 2013

Livre lu à Colonia del Sacramento - Uruguay
avril 2014

* Présentation de l'éditeur :
Deux frères se donnent rendez-vous avec leurs épouses dans un restaurant branché d'Amsterdam. Hors-d'œuvre : le maître d'hôtel s'affaire. Plat principal : on parle de tout, des films à l'affiche, des vacances en Dordogne. Dessert : on évite soigneusement le véritable enjeu du dîner, les enfants. Car leurs fils respectifs ont commis un acte d'une violence inouïe. Un café, un digestif, l'addition. Reste la question : jusqu'où irions-nous pour préserver nos enfants ?

* Mon avis :
L'idée était loin d'être mauvaise mais il manque quelque chose pour faire de cette histoire un bon huis clos à l'atmosphère pesante. Peut-être est-ce dû à la traduction ? Pourtant, la construction de l'ouvrage, autour des différents plats de ce dîner, est intéressante. La couverture et la quatrième de couverture invitent à quelque chose de décalé, voire même humoristique. Mais le thème central est tout sauf drôle. Ce qu'ont fait les enfants de ces deux couples est d'une cruauté innommable. Toute une réflexion se crée autour de la responsabilité des parents et de leur éducation. La communication est bien sûr elle aussi au cœur du sujet : comment aborder l'horreur ? Arriveront-ils à résoudre ce problème inextricable ? Il y a donc du bon et du moins bon dans cet ouvrage.

Tatiana de Rosnay - Rose - 2011

Lu à Buenos Aires (Argentine) - avril 2014

* Présentation de l'éditeur :
Paris, sous le Second Empire. Des centaines de maisons sont rasées et des quartiers réduits en cendres. Alors que le vieux Paris s'effondre sous les ambitions du baron Haussmann, de nombreux Parisiens protestent sans parvenir à infléchir les ordres d'expropriation. Dans sa maison de la rue
Childebert, à l'ombre de l'église Saint-Germain-des-Prés, Rose Bazelet mène une vie paisible, rythmée par la lecture du Petit Journal, les visites à Alexandrine, sa locataire et amie fleuriste du rez-de-chaussée, les soins de Germaine et Mariette ses domestiques dévouées. Jusqu'au jour où elle reçoit une lettre de la préfecture, la sentence tombe : le tracé du boulevard St Germain passe par chez elle, rue Childebert. Liée par une promesse faite à son défunt mari, Armand, Rose ne peut envisager de quitter la demeure familiale. Déterminée à résister jusqu'à son dernier souffle, elle confie à Armand, son amour disparu, son combat quotidien. De lettres en lettres, elle replonge dans
son passé et dévoile peu à peu un secret qu'elle a gardé pendant plus de trente ans. Dans ce roman épistolaire, Tatiana de Rosnay nous entraîne au coeur d'un monde où les petits métiers, herboriste, relieur, chiffonnier fleurissaient, et dont il ne reste que les vestiges. Tandis qu'une page de l'Histoire se tourne, Rose devient le témoin d'une époque et raconte le traumatisme suscité par ces grands travaux d'embellissement. Entre introspection et rédemption, ces lettres rendent hommage au combat d'une femme seule contre tous. Dans cette ode à la capitale, les maisons regorgent de secrets et les murs sont imprégnés de souvenirs.

* Mon avis :
J'attendais beaucoup trop de ce roman. Je suis passionnée par le Second Empire, j'adore les romans épistolaires et encore plus ceux qui traitent de secrets de famille. Pourtant, aussi bien écrit soit-il, ce livre n'a pas répondu à mes attentes. Je ne l'ai pas lu avec la frénésie et la passion que j'attendais. J'espérais que l'époque serait décrite de façon à ce que le lecteur s'immerge avec les personnages et ce n'est pas ce que j'ai ressenti. Malheureusement, Rose et son histoire ne m'ont pas émue. Je suis donc très frustrée par cette histoire qui s'annonçait si belle et dont il ne reste si peu de choses aujourd'hui dans ma mémoire.

Laurent Gounelle - L'homme qui ne voulait pas être heureux - 2008

Lu à Buenos Aires (Argentine) - avril 2014

* Présentation de l'éditeur :
Imaginez... Vous êtes en vacances à Bali et, peu de temps avant votre retour, vous consultez un vieux guérisseur. Sans raison particulière, juste parce que sa grande réputation vous a donné envie de le rencontrer, au cas où... Son diagnostic est formel : vous êtes en bonne santé, mais vous n'êtes pas heureux. Porteur d'une sagesse infinie, ce vieil homme semble vous connaître mieux que vous-même. L'éclairage très particulier qu'il apporte à votre vécu va vous entraîner dans l'aventure la plus captivante qui soit : celle de la découverte de soi. Les expériences dans lesquelles il vous conduit vont bouleverser votre vie, en vous donnant les clés d'une existence à la hauteur de vos rêves. Avec L'homme qui voulait être heureux, c'est tout un monde de possibilités nouvelles qui s'ouvre à nous à la lecture de cette histoire passionnante, où l'on découvre comment se libérer de ce qui nous empêche d'être vraiment heureux.

* Mon avis :
Mon premier livre de développement personnel. Et probablement le dernier. Alors oui, il y a des tas de petits conseils intéressants qui peuvent permettre une introspection. Sauf que je les ai tous oubliés et que je ne les ai donc absolument pas mis en pratique. Je ne suis pas à l'aise avec ce concept de livre "clé-en-main" qui permette de - je cite - "bouleverser ma vie", "avoir une existence à la hauteur de mes rêves" et bien sûr "être heureuse". Je trouve l'accroche un brin osée sachant que le livre fait à peine 100 pages ! D'autant plus que l'histoire qui s'annonce "passionnante" se révèle totalement artificielle pour ne pas dire clichée. Alors si vous aussi vous voulez être heureux, c'est simple, ne perdez pas votre temps avec ce bouquin et lisez un vrai roman de qualité. Vous vous évaderez, vous vous enrichirez, vous vous poserez tout autant de questions sur vous-mêmes mais par des voies détournées qui n'en seront pas moins enrichissantes.

Philippe Pozzo di Borgo - Le second souffle - 2011

Lu à Buenos Aires (Argentine) - Mars 2014

* Présentation de l'éditeur :
"Il est insupportable, vaniteux, orgueilleux, brutal, inconstant, humain. Sans lui, je serais mort de décomposition. Abdel m'a soigné sans discontinuité, comme si j'étais un nourrisson. Attentif au moindre signe, présent pendant toutes mes absences, il m'a délivré quand j'étais prisonnier, protégé quand j'étais faible. Il m'a fait rire quand je craquais. Il est mon diable gardien". L'histoire vraie de la rencontre improbable du riche privilégié tétraplégique et du jeune beur de banlieue a inspiré les réalisateurs Olivier Nakache et Eric Toledano pour leur nouveau film Intouchables, avec François Cluzet et Omar Sy.

* Mon avis :
Comme tout le monde, je n'ai pas échappé au phénomène Intouchables il y a quelques années. En trouvant ce livre, j'étais curieuse de découvrir l'histoire d'origine car, c'est bien connu, le cinéma enjolive la vraie vie. Ce témoignage est très court et nous laisse entrevoir la dureté d'une vie d'invalide. Néanmoins, je n'ai pas ressenti d'émotion particulière ou d'attachement, probablement du fait que l'auteur n'est pas romancier. Je pense qu'il vaut mieux s'en tenir au film !

Emile Zola - Germinal - 1885

Lu en version numérique en Patagonie - mars 2014

* Présentation de l'éditeur :
Fils de Gervaise, le jeune Etienne Lantier s'est fait renvoyer de son travail pour avoir donné une gifle à son employeur. Chômeur, il part dans le Nord de la France à la recherche d’un nouvel emploi. Il se fait embaucher aux mines de Montsou et connaît des conditions de travail effroyables. Il trouve à se loger dans une famille de mineurs, les Maheu, et tombe amoureux de la jeune Catherine. Lorsque la Compagnie des Mines, arguant de la crise économique, décrète une baisse de salaire, il pousse les mineurs à la grève. Il parvient à vaincre leur résignation et à leur faire partager son rêve d'une société plus juste et plus égalitaire.

* Mon avis :
Germinal est sans conteste un chef d'oeuvre. C'est l'un des romans les plus aboutis de la saga des Rougon-Macquart. La souffrance et la hargne des mineurs dans leur mouvement de grève vous prennent aux tripes. Lire Germinal c'est plonger dans une époque où s'engager dans une lutte sociale c'était mettre sa vie en danger. L'industrialisation bouleverse la société et fait germer des idées sociales et politiques nouvelles. Les mineurs, exploités par des patrons qui ne visent que l'enrichissement vont se battre avec une férocité qui est celle du désespoir. L'aspect documentaire du roman est indéniable, j'en fais d'ailleurs lire des extraits à mes élèves. Mais l'aspect humain passionne et émeut. 
A lire absolument !

lundi 19 octobre 2015

Elsa Osorio - Luz ou le temps sauvage - 2010

Livre lu sur la ruta 40, en Patagonie argentine
mars 2014

* Présentation de l'éditeur :
Après vingt ans d'ignorance puis de quête, Luz a enfin démêlé les fils de son existence. Elle n'est pas la petite-fille d'un général tortionnaire en charge de la répression sous la dictature argentine; elle est l'enfant d'une de ses victimes. C'est face à son père biologique, Carlos, retrouvé en Espagne, qu'elle lève le voile sur sa propre histoire et celle de son pays.

* Mon avis :
Que je regrette de ne pas avoir pris le temps de rédiger mon avis tout de suite après la lecture... Aujourd'hui, un an et demi plus tard, j'ai forcément moins de matière à vous offrir alors que ce court roman est remarquable. 
Lorsque j'étais en terminale, j'avais une prof d'espagnole vieillotte, pas très motivante et je m'ennuyais beaucoup dans ses cours. Un jour, elle nous a fait visionner un film qui me paraissait vieillot lui aussi... Mais, très vite, j'ai été captivée par l'histoire relatée, celle des Grands mères de la place de Mai. De 1976 à 1983 l'Argentine vit les heures les plus sombres de son histoire. La dictature imposée par le Général Videla exerce une répression féroce envers les opposants. Des militants, des syndicalistes, des étudiants ou ceux qui sont simplement soupçonnés de l’être sont enlevés, torturés et nombre d’entre eux sont assassinés. Parmi eux des femmes enceintes dont les enfants sont volés à la naissance et adoptés par des familles fidèles au pouvoir en place. Environ 500 enfants sont nés en captivités. Les grands-mères de ces enfants ne cessent alors de se battre pour retrouver la trace de leurs petits-enfants. Elles se retrouvent une fois par semaine pour défiler pacifiquement en cercle sur la place de Mai, à Buenos Aires. Aujourd'hui, les grands-mères ont vieilli mais leur action perdure. Lors de notre séjour en Argentine, nous avons eu l'occasion à plusieurs reprises de voir des manifestations festives en leur hommage et en hommage aux disparus. Cette histoire m'a bouleversée et j'ai retrouvé dans ce livre toute l'émotion et la souffrance générées par cette époque tragique. Le livre est court, facile à lire, et il nous éclaire sur la vie de ces enfants de la dictature avec beaucoup de justesse.

dimanche 18 octobre 2015

Lauren Weisberger - Le diable s'habille en Prada - 2005

Livre lu en version numérique à Puerto Natales, Chili, mars 2014

* Présentation de l'éditeur :
Andrea n'en revient pas : même avec ses fringues dépareillées, elle l'a décroché, ce job de rêve. La jeune femme de vingt-trois ans va enfin intégrer la rédaction de Runway, prestigieux magazine de mode new-yorkais ! Et devenir l'assistante personnelle de la rédactrice en chef, la papesse du bon goût, la dénommée Miranda Priestly. Une chance inouïe pour Andrea : des milliers d'autres filles se damneraient pour être à sa place ! Mais derrière les strass et les paillettes de cette usine à rêves se cache un enfer peuplé de talons aiguilles et de langues de vipère. Leurs raisons de vivre ? Répondre à TOUTES les angoisses existentielles de la déesse Miranda. Justement, cette dernière vient de trouver une nouvelle victime de la mode : " An-dre-ââ "...

* Mon avis :
J'ai longtemps hésité avant de sortir ce livre de la bibliothèque de la petite pension où nous logions alors. J'avais déjà sur le feu Au nom de la rose d'Umberto Eco et La Terre de Zola et ce n'était vraiment pas raisonnable de commencer un troisième livre. Je me suis décidée, arguant du fait que nous nous reposions ces jours-ci et que j'avais donc le temps de le lire en moins de deux jours (ce qui fut chose faite). Et puis, au milieu de ces deux livres denses, un peu de futilité était bienvenu. Je gardais un souvenir confus du film mais je me souvenais l'avoir apprécié. Je pensais donc trouver une histoire simple et rigolote, teintée de glamour. Divertissante en somme. Si les tenues et sacs à mains à plusieurs milliers de dollars sont bien présents comme je l'avais espéré, l'histoire est terriblement creuse. Les chapitres sont des successions de tâches toutes plus ubuesques les unes que les autres que la pauvre Andrea doit s'acquitter pour satisfaire sa patronne tyrannique. On sourit un peu au début mais très vite on se lasse. J'en suis même venue à détester Andrea alors que la lectrice est supposée la plaindre. Je la trouvais tellement fade et mièvre ! C'est dommage car cette histoire aurait pu être drôlement mieux conduite par l'auteur !

lundi 12 octobre 2015

Emile Zola - La Terre - 1887

Livre lu en version numérique pendant les neuf jours du trek 
"Torres del Paine"
Patagonie chilienne 

* Présentation de l'éditeur :
De retour de la bataille de Solférino, le Provençal Jean Macquart s'est installé dans un village de la Beauce où il est devenu le valet du fermier Hourdequin. Mais quoiqu'il s'éprenne bientôt de Françoise, la nièce du vieux père Fouan, Jean reste ici un étranger à la communauté villageoise : car le vrai drame qui va se jouer est celui de la terre que Louis Fouan a décidé de partager entre ses trois enfants.

* Mon avis :
La Terre est l'un des derniers ouvrages de la série des Rougon-Macquart. L'histoire s'intéresse ici à Jean Macquart, le frère de Gervaise de L'Assommoir. Après la bataille de Solférino, il se retrouve par hasard en Beauce, où il abandonne son métier de menuisier pour devenir ouvrier agricole, par amour de la terre. Jean est finalement un personnage secondaire du livre car c'est tout le village de Rognes, et surtout la famille Fouan, qui se racontent au lecteur. On découvre la rude vie des paysans, rythmée par les travaux des champs et la crainte des mauvaises récoltes. Les passions qui unissent les simples, allant de l'amour à  la haine, régissent les liens entre les hommes. L'appât du gain et de la propriété foncière transforment les habitants de ce village au point qu'ils agissent avec de plus en plus de brutalité et de bestialité. Tromperies et sournoiseries deviennent le lot quotidien et la dureté des événements s'accroît au fil des années. La responsable, c'est la terre, aimée passionnément comme on aime une maîtresse. C'est un livre passionnant, riche, à l'écriture très belle. Mais c'est un livre dur et poignant, parmi les plus durs de la série.

mercredi 30 septembre 2015

Annie Barrows - Le secret de la manufacture de chaussettes Inusables - 2015

* Présentation de l'éditeur :
Layla Beck, une jeune citadine fortunée, fille d'un puissant sénateur du Delaware, refuse d'épouser le riche parti que son père a choisi pour elle et se voit contrainte d'accepter un emploi de rédactrice au sein d'une agence gouvernementale. Elle n'a jamais travaillé de sa vie, mais en ces temps de grande dépression, nécessité fait loi. Sa mission : se rendre dans la petite ville de Macedonia, interroger ses habitants hauts en couleur, et rédiger l'histoire de cette ville sur le point de célébrer le cent-cinquantenaire de sa fondation. Elle prend pension chez les Romeyn, des excentriques désargentés, autrefois propriétaires d'une grande fabrique de chaussettes et autres articles de bonneterie – Les Inusables Américaines – qui a été ravagée par un incendie plusieurs années auparavant. Ce drame, qui a coûté la vie au grand amour de Jottie Romeyn, reste gravé dans les mémoires et suscite encore bien des questions. Ce même été, Willa Romeyn, douze ans, grande admiratrice de Sherlock Holmes, décide de tourner le dos à l'enfance et d'utiliser ses dons de déduction pour percer les mystères qui semblent entourer sa famille. De question en réponse, de soupçon en révélation, Layla et Willa vont bouleverser le cours des choses, changer profondément et à jamais l'existence de tous les membres de leur petite communauté, et mettre au jour vérités enfouies et blessures mal cicatrisées.

* Mon avis :
En deux mots : DÉCEPTION et ENNUI. 

- Déception :
J'avais beaucoup aimé le Cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates, lu seulement quelques semaines avant d'ouvrir ce blog il y a cinq ans. C'était un roman facile d'accès, intéressant, sans chichi. Lorsque j'ai repéré le nouvel ouvrage de l'auteur, je me suis dit qu'il pouvait tout à fait correspondre à je recherchais en cette fin août, à savoir un livre de vacances, vite lu. Sauf que j'ai mis un mois et demi pour le lire. Non pas parce qu'il est compliqué, pas du tout ! J'ai mis un mois et demi à le lire car il a généré chez moi un profond...

- Ennui : 
C'est simple, il ne se passe rien. Nada. Les héroïnes souffrent de la chaleur pendant 622 pages et c'est finalement la seule chose que j'ai ressenti, comme l'impression d'être moi-même sous une chape plomb pendant un temps qui s'étire en longueur. Ne cherchez pas des mystères inextricables comme on pourrait le penser à la lecture de la quatrième de couverture. On comprend très vite l'origine du fameux drame. Les personnages sont sans intérêt, au pire irritants, surtout quand c'est l'héroïne de douze ans, Willa, qui raconte. En effet, on alterne entre un récit provenant d'un narrateur extérieur à l'histoire et un récit écrit à la première personne du singulier. Parfois, il s'agit de raconter la même scène. Pour ne rien apporter à l'histoire. C'est déstabilisant et tout sauf fluide.

J'ai clairement eu le sentiment de perdre mon temps avec ce livre que je regrette d'avoir acheté !

mardi 8 septembre 2015

Umberto Eco - Le nom de la rose - 1982

Livre lu en Patagonie argentine
Février 2014

* Présentation de l'éditeur :
Rien ne va plus dans la chrétienté. Rebelles à toute autorité, des bandes d'hérétiques sillonnent les royaumes et servent à leur insu le jeu impitoyable des pouvoirs. En arrivant dans le havre de sérénité et de neutralité qu'est l'abbaye située entre Provence et Ligurie, en l'an de grâce et de disgrâce 1327, l'ex-inquisiteur Guillaume de Baskerville, accompagné de son secrétaire, se voit prié par l'abbé de découvrir qui a poussé un des moines à se fracasser les os au pied des vénérables murailles. Crimes, stupre, vice, hérésie, tout va alors advenir en l'espace de sept jours.

* Mon avis :
Le Nom de la Rose est incontestablement un grand roman. Mais c'est un roman complexe, dense et parfois difficile  à lire. L'intrigue est double. D'une part, Guillaume, mandaté par l'empereur, est chargé de préparer une rencontre de première importance entre moines bénédictins et moines franciscains. Ces deux congrégations sont en effet au cœur d'un débat théologique au sujet de la pauvreté du Christ. Afin d'apaiser les tensions et d'éviter un schisme, leurs représentants vont se rencontrer dans cette abbaye du Nord de l'Italie. Malheureusement, cette abbaye est loin d'être le lieu idéal pour accueillir les délégations. Un mystérieux meurtrier frappe en effet le saint lieu. En tant qu'ancien inquisiteur, Guillaume est chargé de l'enquête, aidé de son jeune secrétaire, le novice bénédictin Adso, le narrateur. Ainsi, tous les chapitres relatifs au débat théologique et à la rencontre entre les deux délégations m'ont ennuyée. J'ai bien saisi l'intérêt de leur discorde mais les dialogues sont trop longs et complexes. Le vocabulaire employé est tellement précis que j'ai passé mon temps à chercher des mots dans le dictionnaire (plusieurs fois par page, c'est pour dire !). De même, les différents personnages emploient régulièrement le latin pour communiquer, parfois même pendant des paragraphes entiers, et il n'y a aucune traduction ! C'est très pénible ! Le fait qu'il y ait beaucoup de moines n'aide pas non plus à la compréhension des évènements et j'ai dû prendre des notes sur chacun des personnages. Malgré tout, si cet aspect complexe peut dérouter et donner l'envie d'abandonner la lecture, il peut aussi stimuler l'esprit et je dois dire que j'ai apprécié me cultiver dans ce domaine très obscur pour moi qu'est la théologie ! Mais le hic, c'est qu'il faut être très concentré pour lire ce roman. C'est pourquoi je l'ai lu en parallèle d'autres livres plus simples à lire ! L'autre aspect de l'histoire, l'enquête en tant que telle, m'a passionnée. Toutes les énigmes, le côté secret de la bibliothèque, les morts qui s'enchaînent selon les verset de l'Apocalypse de Jean... C'est passionnant ! Et il faut dire aussi que la personnalité de Guillaume, si charismatique, y est pour beaucoup. C'est un homme cultivé, moderne, en avance sur son temps : il porte des lunettes, utilise une boussole... Les rapports qu'il entretient avec Adso ne sont pas sans rappeler ceux qu'entretient le grand Sherlock Holmes avec Watson ! Je suis ravie d'avoir lu ce livre, j'ai vraiment le sentiment d'avoir appris des choses en le lisant, mais je suis aussi soulagée de l'avoir terminée !

Harlan Coben - A découvert - 2012

Livre lu à Punta Arenas ( Patagonie Chilienne)
Février 2014

* Présentation de l'éditeur :
Mickey est en colère. Des événements tragiques l'obligent à vivre temporairement chez son oncle Myron, qu'il croit au moins en partie responsable de sa situation. En plus, Ashley, sa nouvelle petite amie, n'est pas venue en cours depuis des jours et ne donne plus signe de vie. Pire, à l'adresse où elle habitait personne ne semble la connaître. Mickey, qui a déjà vécu trop de séparations douloureuses, refuse de se laisser faire encore une fois. Il découvre bientôt qu'Ashley n'était pas vraiment la jeune fille timide dont il était tombé amoureux et qu'elle fréquentait un milieux dangereux. Mais, comme son oncle, il est tenace et peu regardant sur sa propre sécurité, jusqu'au moment où ses recherches ébranlent tout ce qu'il croyait savoir sur sa famille et mettent au jour une machination qui dépasse de loin tout ce qu'il pouvait imaginer. Mickey va avoir besoin d'aide... mais n'est-il pas déjà trop tard ?

* Mon avis : 
J'étais plutôt contente de me plonger dans un livre d'Harlan Coben, car mon ami Jérôme m'en avait dit le plus grand bien. Mais ce n'est pas avec A découvert que j'ai pleinement découvert ce maître du suspens car il s'agit d'un roman pour adolescents. Dans le genre, je dois dire que ce livre répond à ses promesses et qu'il doit être apprécié par le lectorat visé. Tout y est : le lycée américain, les pom-pom girls et les joueurs de basket, le geek, la rebelle gothique et le héros à l'écart des clans et qui a des problèmes familiaux. Les vrais clichés d'un téléfilm pour adolescents en somme ! Alors forcément, je l'ai lu avec détachement (en trois heures), sans porter un regard critique trop poussé. Mais je dois dire que je suis curieuse de la tournure historique que prend le livre sur la fin et qui amorce le tome 2... au point de le lire ?! Je ne sais pas ! Peut-être si je le trouve en bibliothèque !

mercredi 26 août 2015

Ken Follett - Les piliers de la terre - 1989

* Présentation de l'éditeur :
Dans l'Angleterre du XIIe siècle ravagée par la guerre et la famine, des êtres luttent chacun à leur manière pour s'assurer le pouvoir, la gloire, la sainteté, l'amour, ou simplement de quoi survivre. Les batailles sont féroces, les hasards prodigieux, la nature cruelle. Les fresques se peignent à coups d'épée, les destins se taillent à coups de hache et les cathédrales se bâtissent à coups de miracles... et de saintes ruses. La haine règne, mais l'amour aussi, malmené constamment, blessé parfois, mais vainqueur enfin quand un Dieu, à la vérité souvent trop distrait, consent à se laisser toucher par la foi des hommes.

* Mon avis :
Enfin ! 
Enfin j'ai lu Les piliers de la terre
Vous savez sûrement que j'ai déjà lu plusieurs livres de Ken Follett, 5 précisément. J'attends d'ailleurs avec impatience d'attaquer le tome 3 du Siècle. Nous avons Les piliers de la terre depuis plus de cinq ans dans la bibliothèque. Pourquoi alors avoir attendu aussi longtemps pour le lire me direz-vous ? En fait, je voulais trouver le moment propice pour m'y atteler. C'est un gros pavé de plus de mille pages (et c'est écrit tout petit !). Je voulais avoir le temps de le savourer, de ne pas être obligée de le refermer pour vaquer à mes occupations quotidiennes. Il me fallait donc des vacances. Et pas n'importe lesquelles puisque c'est en voyage de noces que j'ai choisi de le lire. C'est donc à la faveur des soirées en camping, souvent à la lampe frontale, que j'ai savouré cette grande saga médiévale.

J'ai été déstabilisée pendant les premiers chapitres. J'avais en effet l'impression de lire un "copié-collé" d'Un monde sans fin. Il faut dire que ce n'est pas très judicieux de ma part d'avoir lu en premier la suite des Piliers !! Je le savais à l'époque mais je ne pensais pas que les deux livres seraient à ce point semblables. Ken Follett utilise toujours le même modèle pour construire ses intrigues et tous ses personnages se ressemblent d'un livre à l'autre. 

Et puis, petit à petit, je me suis laissée prendre par l'intrigue. Les destins des personnages sont romanesques, les coups du sort nombreux. La violence et l'amour, la haine et la passion rythment les vies de tous, du plus humble travailleur au puissant seigneur. Les personnages sont un peu stéréotypés et j'aurai préféré un peu plus de nuance dans les caractères. Parfois le malheur s'abat un peu trop souvent sur les héros. Le monde de Ken Follett est trop manichéen. Le Moyen-Age était certes une période troublée mais attention à ne pas tomber dans l'excès et les clichés !

Malgré tout, j'ai pris plaisir à dérouler le fil de cette saga, à suivre la vie sur le long terme des héros. Des sauts dans le temps ont lieu, c'est nécessaire, mais les choix des ellipses interpellent. Il y a par exemple un moment où l'héroïne est sans le sou et hop, la page suivante, quelques années plus tard, elle est riche ! Un petit paragraphe résume comment elle a gagné tout cet argent. A l'inverse, la mise à mort d'un ours par des chiens lors d'une foire est décrite pendant trois pages, sans que cela n'apporte rien à l'intrigue.

Ce qui m'a surtout plu dans Les piliers, c'est d'en apprendre plus sur la vie quotidienne au XIIe siècle, notamment dans les monastères. Pour cela, le roman est très instructif. La construction de la cathédrale, au cœur de l'histoire, est passionnante, au point que la cathédrale peut elle-même être perçue comme un personnage du livre !

lundi 17 août 2015

Jim Fergus - Mille femmes blanches - 2000

* Présentation de l'éditeur :
En 1874, à Washington, le président américain Grant accepte dans le plus grand secret la proposition incroyable du chef indien Little Wolf : troquer mille femmes blanches contre chevaux et bisons pour favoriser l'intégration du périple indien. Si quelques femmes se portent volontaires, la plupart des "Mille femmes" viennent en réalité des pénitenciers et des asiles de tous les États-Unis d'Amérique... Parvenue dans les contrées reculées du Nebraska, l'une d'entre elles, May Dodd, apprend alors sa nouvelle vie de squaw et les rites inconnus des Indiens. Mariée à un puissant guerrier, elle découvre les combats violents entre tribus et les ravages provoqués par l'alcool. Aux côtés de femmes de toutes origines, May Dodd assiste alors à la lente agonie de soi, peuple d'adoption...

* Mon avis :
 Cela fait trois ans que j'ai lu Marie-Blanche de Jim Fergus. Je me souviens avoir été séduite par son style et par le schéma narratif (l'auteur retraçait la vie de sa mère et de sa grand-mère en entrelaçant leurs deux destins). Lorsque j'ai publié ma chronique de blog à l'époque plusieurs personnes m'ont signalé que le best-seller de Jim Fergus c'est Mille femmes blanches. Les mois et les années ont passé mais j'ai toujours gardé ce conseil dans un coin de ma tête... jusqu'à ce que je le mette enfin en application ces dernières semaines !

J'ai mis bien plus de temps que prévu pour le lire, bien qu'il se lise très facilement. Le mois de juillet 2015 a en effet été très chargé pour moi ! C'est mon petit regret par rapport à ce livre : ne pas l'avoir lu d'une traite, afin de m'imprégner pleinement de l'ambiance.

Et quelle ambiance ! C'est une véritable plongée dans le far-west de la deuxième moitié du XIXe siècle. Loin des images véhiculées par les westerns et les poncifs de jeu "cowboys face aux Indiens", on découvre une société, celle des Cheyennes, aux codes moraux remarquables, en osmose avec la nature. Ceux qui sont qualifiés de "sauvages" sont en réalité extrêmement respectueux. 

Cette histoire nous est racontée par May Dodd. Fille de bonne famille, elle a outré son père en vivant avec un ouvrier qui lui a donné deux enfants. Pour la punir ses parents l'envoient dans un asile. Là, après plusieurs années d'enfer psychologique, elle se porte volontaire pour un programme complètement dément : épouser, avec 999 autres femmes blanches, des Indiens Cheyennes. Ce projet est l'initiative du président lui-même, afin de favoriser l'intégration des Indiens. May va donc partir avec d'autres femmes, aliénées comme elle, détenues de droit commun, mais aussi aventurières, vers l'ouest, dans un voyage vers un autre monde.

May consigne tous les détails de sa nouvelle vie dans des carnets qui constituent ce livre. Comme il s'agit d'un journal intime, on apprend très vite à connaître l'héroïne. Courageuse, drôle, osée, elle s'adapte tant bien que mal à sa nouvelle condition de troisième épouse du chef Little Wolf. Ses nouvelles amies nous sont de plus en plus familières.

Ce récit est une fiction mais il sonne terriblement vrai et éclaire sur les traitements infligés aux Indiens par les blancs. Expropriations, ravages de l'alcool, enfermement de force dans les réserves... L'histoire n'est pas glorieuse et même particulièrement honteuse pour les États-Unis.

J'ai refermé ce livre émue par le destin de May mais surtout enrichie historiquement et sensibilisée au sort des Indiens d'Amérique. Au delà d'être un roman bien écrit et trépidant, il s'agit d'un livre très instructif. Effectivement, il a une portée bien plus grande que Marie-Blanche !