* Présentation de l'éditeur :
Paris-Alger-Prague. Des années 30 aux années 80. Des guinguettes de
Joinville à la peste d'Alger, de la guerre à l'effondrement communiste.
La trajectoire de Joseph Kaplan, fils et petit-fils de médecins juifs
praguois, héros malgré lui, fataliste et optimiste à sa manière. Ses
amours, ses engagements et ses désillusions. Et la rencontre qui
bouleversa sa vie, celle qu'il fit avec un révolutionnaire cubain qui
passa quelques temps en 1966 dans son sanatorium des environs de Prague,
un certain Ernesto G., guerrier magnifique et déchu. Dans la lignée du
Club des Incorrigibles optimistes, Jean-Michel Guenassia retrace avec
talent le parcours insolite d'un héros malgré lui. On retrouve dans ce
roman son art de la narration si particulier, où l'Histoire et l'intime
se mêlent dans une fresque captivante et nostalgique.
* Mon avis :
Je stoppe momentanément le fil de mes compte-rendus de livres lus pendant mon voyage pour vous parler du roman que je viens de terminer. J'ai précisément 43 chroniques de retard sur mon blog et je sais que j'arriverai, tant bien que mal, à les rattraper. Ce matin, j'ai voulu écrire à vif ce que j'ai ressenti à la lecture de La vie rêvée d'Ernesto G.
J'ai découvert Guenassia il y a environ six ans avec Le club des incorrigibles optimistes, quelques mois avant de commencer ce blog. Ce livre m'avait profondément touchée et émue. Lorsque j'ai su que Guenassia avait repris la plume, je me suis empressée d'acheter son second roman pour l'offrir à ma soeur, qui avait aussi beaucoup aimé "Le club".
Deux ans après ce Noël, c'est avec plaisir que j'ai ouvert le gros volume, intriguée par ce titre qui fleure bon les cigares cubains et la poudre des armes à feu des guérilleros. Sauf que le héros s'appelle Joseph, c'est un jeune médecin Pragois et, au milieu des années 30, il quitte la jeune Tchécoslovaquie pour faire ses études à Paris. C'est l'époque du Front populaire, des soirées passées à danser la valse et le tango de Gardel, et de la guerre d'Espagne. Joseph, très politisé, hésite à partir, et puis non, il accepte un poste à l'institut Pasteur d'Alger. C'est cette partie du livre qui m'a le plus marquée : la découverte de la ville blanche. Alger, préfecture française. Alger festive et rieuse. Et puis la guerre, la fuite de Joseph, juif, dans un endroit caché. Là, il prend le relais de la narration et c'est son journal de bord que nous lisons, avec entrain et curiosité. Le héros peu attachant, bourreau de travail, peu amène aux relations avec ses semblables, un peu goujat avec les femmes, devient à nos yeux touchant d'humanité. Et au retour, il est changé.
Je ne rentre pas beaucoup plus dans les détails de l'histoire. Tout ce que je peux vous dire c'est que Joseph va traverser le siècle et, comme dans Le club des incorrigibles optimistes, nous découvrons avec stupeur et horreur la vie sous un régime communiste.
J'ai longtemps eu le sentiment de ne pas trop m’accrocher aux personnages, j'ai aussi été déçue par la "disparition" de certains, le caractère peu attachant d'autres, et puis tout à coup j'ai compris. Et j'ai été bouleversée. Joseph est bien un héros malgré lui. Sa famille, ses amis, sont tous des victimes de l'Histoire, la grande. Leur vie a été façonnée par ce XXe siècle violent et tourmenté. Le mot "désenchantement" écrit en quatrième de couverture résume à merveille cette histoire. Alors même si je l'ai trouvé un poil en dessous de son premier roman, La vie rêvée d'Ernesto G. prouve à quel point Guenassia est un très grand romancier. C'est un livre romanesque comme je les aime, qui vous transporte dans le temps, aux côtés de gens si attachants (finalement !) qu'on pleure en refermant les pages du livre.
Et Ernesto alors, que vient-il faire là ?!! Je vous laisse la surprise... Sa présence semble à première vue anecdotique, qui plus est dans le titre du livre, mais elle est belle et bien justifiée !
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